Dans ma vie de chercheur de thé, il m’est arrivé à de nombreuses reprises d’entreprendre un voyage sans avoir la moindre idée de savoir si celui-ci me récompenserait de mes efforts, me conduirait à découvrir quelque thé remarquable. Le Bhoutan est de ceux-ci. Des hommes et des femmes investis, des pratiques agricoles respectueuses, voilà aussi ce que je recherche. Depuis Paro, on rejoint la capitale, Thimphu, et de là un long voyage commence dans ce pays de la taille de la Suisse, peuplé d’un dixième seulement de la population helvète, et qui n’a connu ses premières voitures, ses premières routes, qu’à partir des années soixante, ses premiers touristes, vingt ans plus tard. Un pays au relief particulièrement accidenté dont l’essentiel du territoire est recouvert d’impénétrables forêts dans lesquelles personne n’aurait l’idée de s’aventurer, démons obligent. Les sommets himalayens eux aussi n’auront jamais été conquis, par respect pour les divinités qui sont là-haut chez elles.
(à suivre)