Rien n’est plus simple que de prendre le temps d’un thé et ici, dans le désert égyptien, les paysans, lors de la récolte de la menthe, réunissent quelques morceaux de bois de figuier, font chauffer l’eau dans une bouilloire rudimentaire et qui fera aussi office de théière. Quelques minutes plus tard, chacun savoure le bonheur d’être ensemble.
Une culture vertueuse
Je rentre à la fois joyeux et surpris du Népal et d’un voyage en compagnie de mes amis de Karuna-Shechen, l’association fondée par Matthieu Ricard. Je les invitais à me suivre aux fins fonds de la vallée la plus orientale du pays afin de leur montrer les conditions de vie des récoltants de cette région. J’avais pour but de les convaincre de l’utilité que Palais des Thés et Karuna joignent leurs forces et travaillent ensemble à améliorer les conditions de vie des villageois. Or, après un certain nombre d’interviews dans la langue locale, la réponse de Karuna, aussi enthousiasmante soit-elle, m’a laissé sur le moment déconcerté. La réponse, la voici : depuis dix ans que ces villageois se sont lancés dans la culture du thé, l’amélioration de leur condition est telle que ce ne sont pas vers eux qu’il faut concentrer les efforts. En revanche, il est important de comprendre à quel point la culture du thé a été vertueuse et comment le fait de produire un thé de qualité acheté vingt ou trente fois plus cher qu’un thé médiocre a permis à une communauté entière de se prendre en main et de répondre à ses principaux enjeux de développement.
Reste maintenant à étudier tout de même comment aider les populations visitées afin de ne pas les décevoir, et surtout comprendre de quelle manière ce modèle de culture du thé vertueuse pourrait se dupliquer facilement.
Mes amis indiens
L’épouvantable pandémie qui frappe l’Inde et épargnera le Népal, je l’espère, me rappelle, s’il en était besoin, à quel point je tiens à mes amis indiens. Ils sont trop nombreux pour être cités, à Darjeeling, Kolkata ou ailleurs. Parmi eux, mon ami Anil Darmapalan que j’ai connu il y a plus de 20 ans lorsqu’il dirigeait la plantation de Thiashola et m’avait reçu avec sa femme Sharmila, et tout le personnel de la plantation, avec la plus extrême gentillesse.
Après avoir été auditeur auprès d’un organisme certificateur et donc particulièrement au fait de toutes les problématiques liées à la conversion d’une plantation de conventionnel en bio dynamique, Anil vit aujourd’hui du côté de Ooty (Tamil Nadu), au milieu des fleurs. A Sharmila et Anil, comme à tous mes amis indiens, je souhaite de prendre bien soin d’eux.
Le merveilleux thé de Man Kumar Mukhiya
Les merveilleux thés du Népal ne nous arrivent pas facilement du fait que l’ancien royaume himalayen n’en a pas tout à fait fini avec le confinement. Mais de nombreux échantillons de thé nous sont tout de même parvenus par courrier et nous avons une belle sélection qui nous attend. D’ici quelques jours ou semaines, elle devrait arriver en France.
Aujourd’hui, je vous présente Man Kumar Mukhiya, un ami de longue date. Issu d’une famille de fermiers et passionné de thé, Man Kumar a réussi à créer sa propre ferme, ses propres champs de thé. Aujourd’hui, il rêve de manufacturer les meilleurs thés du Népal et de faire de sa plantation, Mai Pokhari, un nom célèbre auprès des amateurs. Nul doute que nous serons toujours là pour le soutenir et pour l’aider. Je vous recommande son remarquable Mai Pokhari Red Summer que nous attendons de pied ferme.
Joyeuses Fêtes !
La photo que je vous montre aujourd’hui peut vous surprendre. En effet, je vous ai habitué ici à des cueilleuses et des cueilleurs de thé, des planteurs, des fermiers, des gens de diverses ethnies dans leur vêtement coloré, des passants rencontrés au sommet de diverses montagnes.
Mais à Paris aussi il y a des équipes qui travaillent pour que les beaux thés que nous dénichons arrivent à bon port, c’est-à-dire chez vous. Ca ne serait pas juste de toujours parler de celles et ceux qui sont loin sans vous montrer aussi ceux qui travaillent à Paris. C’était il y a quelques jours, l’équipe avait décidé que nous ferions Noël déguisés. Autour de moi, de gauche à droite et de haut en bas, Clément, Charlotte, Lucille, Laura, Anaïs, Chloé, Eléa, Céline, Juliette, Laurie et Sonia. Je souhaite à toutes et à tous de très joyeuses fêtes !
Monsieur Huang, un travailleur déplacé
Monsieur Huang fait partie de ces millions de travailleurs chinois qui décident de quitter leur province d’origine pour gagner leur vie. Il est en effet beaucoup plus facile de trouver du travail dans les provinces côtières, assez riches, que dans celles situées à l’intérieur du pays. Ainsi, chaque année, Monsieur Huang quitte-t-il son Guizhou natal où il cultive un potager dans un village de montagne, pour rejoindre les monts Wuyi, dans le Fujian. En effet, depuis que leur niveau de vie s’est très fortement élevé, les habitants du Fujian rechignent à œuvrer dans les champs et préfèrent vivre en ville. Monsieur Huang travaille à la culture du thé dans une magnifique plantation certifiée organique. Il prendra soin des théiers et participera à la récolte à partir de début mars jusqu’à la fin de septembre, date à laquelle il repartira dans sa province rejoindre sa famille. Et chaque année il recommence sans hésitation, pour un salaire mensuel de 5.500 yuans.
Une femme hmong
Le triangle d’or est une région attachante du fait de sa géographie accidentée, de ses montagnes couvertes de jungle, de ses vallées reculées et surtout du fait des ethnies multiples et variées qui l’habitent. Chaque ethnie possède sa propre culture, sa langue, ses coutumes. D’une ethnie à l’autre, le style des maisons change, le rapport à la terre change, la nourriture change. Ici, à Sung Do, dans le nord du Vietnam, une femme part récolter les feuilles de thés sur des arbres centenaires.
Transmettre
Transmettre. Que peut-on faire de mieux dans la vie que de transmettre ? Mon métier de chercheur de thé est aussi un métier de passeur. Un passeur qui fait le lien entre le fermier qui manufacture ses thés et l’amateur de thé qui les déguste. Un passeur qui partage ses connaissance sitôt acquises. Un passeur qui donne la main à ses équipes et les invite sur place, dans les champs de thé, dans les fermes, et les fait participer à ces moments uniques, ces rencontres inoubliables avec des villageois d’une gentillesse rare, d’une hospitalité inégalable, d’une générosité immense.
Ici, au Népal, dans la vallée d’Ilam, de La Mandala à Pathivara en passant par Tinjure, Shangri-la, Arya Tara et. Panitar, en compagnie de Carole, Fabienne, Oxana, Sofia, David, Léo et Mathias.
Admirer
Quelle est la personnalité que vous admirez le plus, me demande Sylvie Lavabre, journaliste à LSA, à l’occasion d’un portrait chinois. J’admire les gens qui ne baissent pas les bras, j’admire les aventuriers, les artistes. J’admire aussi la tolérance, la non-violence. J’admire les gens qui ne se compromettent pas, qui sont capable de poursuivre un autre but que de celui de gagner davantage d’argent, de conquérir davantage de pouvoir. J’admire les altruistes, ceux qui pensent que le bonheur des autres fera leur bonheur. J’admire les premiers de la classe, les champions, les Meilleurs Ouvriers de France et tous les gens qui osent. J’admire ceux qui ratent et s’en remettent et trouvent la force de redémarrer. J’admire ceux qui consacrent une partie de leur vie ou bien leur vie entière à élever les autres, élever des enfants, éduquer, enseigner. J’admire enfin les gens qui savent trouver le bonheur dans ce qu’ils ont.
Racontez-moi le thé !
Dans les plantations de thé, je croise des cueilleuses et des cueilleurs, bien sûr, ainsi que des villageois qui rejoignent à pied leur hameau. Je croise aussi, mais c’est plus rare, des équipes de télévision. Je viens de passer deux jours avec Julie et Romain, qui ont demandé à me suivre. Julie est journaliste et Romain que vous voyez ici est reporter d’images. Ils attendent de moi que je leur explique mon métier, et puis aussi que je fasse comme s’ils n’étaient pas là de façon à être les témoins des moments que je passe dans les champs de thé, à déguster le thé et à échanger avec les personnes que je rencontre. En leur compagnie, mon travail est un peu différent de ce qu’il est d’habitude, mais tout aussi riche. Comme à des clients qui entreraient pour la première fois dans une boutique et qui demanderaient « Racontez-moi le thé !», je leur explique le plus de choses possible, aussi bien à propos de la vie de la plantation que sur la façon de produire les meilleurs thés. J’ai maintenant hâte de voir leur beau reportage, diffusé le 16 mars prochain à partir de 19 heures sur TF1 lors de l’émission « 50 minutes inside ». Le reportage ne dure je crois qu’une poignée de minutes. Le temps d’un thé.