Plantation

Darjeeling, quel modèle retenir ?

21 avril 2023
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Des propriétaires qui se plaignent, des ouvriers qui rechignent, des acheteurs qui peu à peu désertent devant les hausses à répétition et des thés appelés à tort Darjeeling qui circulent. Si on aime Darjeeling et ses habitants, on ne peut pas rester les bras ballants devant cette situation. Alors que faire ? Quel avenir radieux pourrait-on imaginer pour cette ville qui aime à se faire appeler la Reine des Montagnes et pour ce thé prestigieux qui revendique de façon contestable juridiquement l’appellation de « Champagne du thé » ? Si on veut que les paysans restent à travailler dans les plantations, il faut qu’ils soient heureux, sinon leurs enfants partiront. Donc il faut qu’ils soient mieux considérés et le salaire est un élément parmi d’autres de cette indispensable considération. Par ailleurs et si l’on parle d’avenir, les propriétaires des plantations doivent être prêts à investir. Ce qui est de moins en moins le cas à l’heure actuelle car le profil de nombre d’entre eux a changé, et l’exigence d’un retour sur investissement rapide a souvent remplacé une vision à long-terme. Enfin, on ne peut pas accepter que le thé soit coupé avec un autre pour faire baisser son prix de revient, ni que l’acheteur soit indéfiniment la variable d’ajustement de cette équation.

Une solution pourrait être celle-ci : des ouvriers plus qualifiés, mieux rémunérés, moins nombreux, des tâches davantage mécanisées à condition que cela ne se fasse pas au détriment de la qualité, notamment en haute saison. Ou alors, autre solution possible : que les plantations achètent les feuilles aux paysans auxquels on aurait rendu les terres. A charge pour eux de récolter les feuilles. Ils négocieraient avec l’une ou l’autre factory le fruit de la cueillette, prendraient à leur charge les activités de taille… Et la plantation se consacrerait à la transformation de la feuille de thé, puis à sa commercialisation. Si l’on est aussi attaché que je le suis au Pays des Orages (Dorje-Ling) et que l’on rêve à un avenir radieux, voici de possibles solutions. Il en existe sûrement d’autres.

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Pour que Darjeeling se réinvente

14 avril 2023
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Année après année, la situation à Darjeeling n’évolue pas de façon heureuse. Je ne veux pas parler ici de la situation politique, fragile depuis des décennies, mais du marché du thé. Chaque année, les premières récoltes se négocient un peu plus cher alors que le thé n’est pas meilleur pour autant. Sur un autre plan, les employés des plantations se plaignent à juste titre de salaires très bas. Et paradoxalement, les propriétaires eux revendiquent tous, outre des charges en forte hausse, une absence de profitabilité voire des pertes d’exploitation. Et l’on voit même des jardins fermer. Pour mémoire, les propriétaires des plantations louent les terres à l’Etat. Et le planteur, celui qui dirige la plantation, est un salarié comme un autre, et parfois il quitte le domaine, quand cela fait des mois qu’il n’est pas payé, par exemple. Pour couronner le tout, il se vend beaucoup plus de thé de Darjeeling dans le monde qu’il n’en est produit, la faute à toutes sortes de trafics qui commencent sur place.

Sur ce sujet, les Indiens sont prompts à accuser les Népalais de tous les maux, de copier les thés de Darjeeling, par exemple, ils se trompent. D’une part, les Indiens ne sont pas les derniers et loin de là à importer des thés du Népal pour les commercialiser ensuite en tant que thés de Darjeeling. D’autre part, les Népalais depuis une ou deux décennies se mettent à produire de délicieux thés, souvent d’un niveau largement équivalent à ceux de Darjeeling, voire supérieur, et pour la moitié du prix. Il ne s’agit ici en aucun cas de contrefaçon, plutôt de compétition. Où est l’erreur ? Un niveau de vie moindre au Népal et des fermiers indépendants qui ne comptent pas les heures peuvent expliquer une partie de l’équation. Quoi qu’il en soit, il va falloir que Darjeeling se réinvente… (à suivre…)

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Yanki, une production confidentielle

24 mars 2023
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Darjeeling ne se limite pas à ces grands domaines créés par les Anglais à une époque où le soleil ne se couchait jamais sur les territoires de Sa Majesté. De nos jours, au-delà des 83 plantations officielles et dûment enregistrées, il existe diverses initiatives locales, de petites manufactures plus confidentielles qui produisent parfois de très jolis thés. Yanki, par exemple, fait partie de celles-ci, et du côté du village de Mirik, Allan et sa famille travaillent la feuille de thé avec succès. Tandis que la plupart des planteurs de Darjeeling arrivent de diverses régions de l’Inde, eux sont originaires de ces montagnes et parlent la même langue que leurs habitants, le népali. Allan et les siens achètent les feuilles fraîches des villageois alentour et à partir de ces feuilles ils mettent au point des crus fameux.

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Six mois sans pluie

16 mars 2023
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Au début du printemps, sur chaque rameau du théier, on voit apparaître les jeunes pousses. Ici, à Darjeeling, elles surviennent après un long hiver durant lequel chaque camélia entre en dormance. Cette hibernation dure près de quatre mois, de mi-novembre à début mars environ, selon les conditions climatiques ambiantes.

Cette année, du côté de ces contreforts himalayens sur les pentes desquelles les Anglais ont eu l’idée de faire pousser le thé, il n’y a de cela pas deux siècles, la sécheresse a sévi. Six mois sans pluie ou presque. Dérèglement climatique oblige, lié au réchauffement de la planète, selon les uns, à la déforestation, selon les autres. La conséquence de ces désordres se traduit en chiffres et à la mi-mars, on s’attendait à une production inférieure de moitié à ce qu’elle était l’an passé. En ce qui concerne la qualité, pas d’inquiétude, une pousse lente plaidant plutôt en faveur d’une qualité accrue et d’une plus grande concentration aromatique.

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Au Malawi, la plantation Satemwa fête ses cent ans

17 février 2023
Au Malawi, la plantation Satemwa fête ses cent ans

Au Malawi, la plantation de Satemwa fête ses 100 ans. L’Afrique, j’ai mis du temps à m’y intéresser. J’avais déjà pas mal à faire avec l’Asie. Et puis à force de recevoir des sollicitations, à force de curiosité et pour en avoir le cœur net, savoir si je pourrais un jour trouver de l’aussi bon thé en Afrique qu’en Asie, quand bien même les plantations seraient autrement plus récentes, je m’y suis rendu.

J’ai commencé par le Malawi. Un pays d’une rare beauté. Des champs de thé baignés d’une autre lumière. Une terre rouge. Des visages différents. Les mêmes enfants que partout qui vous courent après, déchainés, hilares. Et Alex, le planteur, depuis trois générations, qui a créé un atelier dans son imposant bâtiment afin de mettre au point des thés rares. Le début d’une belle aventure. Une merveilleuse découverte. Joyeux anniversaire à tous les hommes et les femmes de Satemwa.

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Un bonheur à perte de vue

10 février 2023
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Au Pérou, pour atteindre certaines terres plantées de théiers, il faut se coller à la paroi d’une montagne et suivre longtemps un chemin qui sinue et menace à tout instant de s’ébouler. Mais une vue magnifique vous récompense de vos efforts. Un bonheur à perte de vue.

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Carlota, sa jungle aimée

13 janvier 2023
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En Colombie, le thé pousse dans les Andes, plus exactement dans la région de Cali, capitale de la salsa. Dans cette partie de la Vallée de la Cauca, au sud-est de la capitale, Bogota, on ne fait pas que danser. Autrefois connue pour la culture de la canne à sucre, le café, le cacao font désormais partie des cultures réputées du district. Et un jour, sûrement, le thé, qui compose ici des paysages de toute beauté. Il faut dire que Carlota – qui règne sur la seule et unique plantation – a un principe : des parcelles de 5 hectares maximum, nichées au milieu de la jungle afin de préserver la biodiversité qui compte tant à ses yeux. Toute la vie de Carlota tourne autour de cet amour de la nature, cet amour pour cette jungle au creux de laquelle elle a choisi de vivre. Et si elle voue à ce point un culte à ses cultures de thé, c’est parce qu’elles permettent à toute une population de rester dans les montagnes et de préserver cet environnement à la fois unique, fragile, et d’une richesse incroyable. Un joyau. 

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En Indonésie, de rares Grands Crus

16 décembre 2022
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L’Indonésie a attisé bien des convoitises lorsque le parfum de ses merveilleuses épices s’est répandu aux quatre coins du globe, mais qui sait que ce beau pays produit aussi du thé, et du thé parfois délicieux ? Certes cet important producteur ne fait pas toujours dans la qualité, mais en cherchant bien et principalement sur l’île de Java, on trouve de sublimes grands crus, manufacturés à la main, bien sûr, et qui réservent à la tasse une expérience unique. Parmi les thés les plus réputés : le thé blanc des monts Cisujen, le Jin Jun Mei de Java et l’Eksotik Teh Hijau.

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Mieux vivre

2 décembre 2022
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Dans la partie centrale de l’île de Java, ce cultivateur arrache ses théiers qui ne lui rapportent plus. Il va les remplacer par des cultures maraîchères. Pourquoi n’arrive-t-il pas à vivre du thé ? Parce qu’il vend une simple cueillette plutôt qu’un thé fini. Il ne transforme pas les feuilles. On ne lui a jamais appris à le faire. Depuis toujours, il prélève les feuilles sur les rameaux, et vend aussitôt cette fraîche moisson.

Voilà donc un défi important pour tout chercheur de thé qui se respecte : comment faire pour qu’un fermier n’ait jamais à se débarrasser de ses théiers ? Comment l’aider à acquérir un savoir-faire qui lui permette de vivre de son travail ? Comment l’aider à faire naître entre ses mains des thés délicieux et à forte valeur ajoutée ? Autant de questions auxquelles nous tentons de répondre de notre mieux, en rendant visite aux fermiers, pour commencer, il s’agit bien sûr d’une étape indispensable. Et par des échanges, des dégustations, des démonstrations, des émulations entre villageois. Enfin, en répondant présent, offre généreuse à l’appui, sitôt un bon thé manufacturé.

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Cercle vertueux

4 novembre 2022
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Le thé peut être récolté à la main plutôt que de façon mécanique, et ça fait toute la différence. Il reste difficile de prélever les feuilles avec des cisailles (hormis au Japon où l’on a mis au point des outils d’une précision extrême) et prétendre à une quelconque qualité. Certes, un thé issu d’une récolte manuelle va coûter dix à cent fois plus cher qu’un thé industriel, et parfois l’écart est plus important encore. Mais ce qu’il faut retenir, c’est l’opportunité qu’offre le grand cru, à savoir la mise en place d’un véritable cercle vertueux : plus les revenus  des producteurs sont élevés, plus ces mêmes agriculteurs investissent dans la transmission d’un savoir-faire. Ils vont alors davantage chercher à obtenir une qualité qu’une quantité, il vont employer davantage de personnes qui resteront ainsi attachées à leur terre et à leur ruralité. Un grand thé offre ainsi à chacun l’opportunité de vivre en harmonie avec la nature.  

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