Il y a le thé, il y a ce qui se trouve autour. Le thé c’est un chemin, une route. Il ne faut pas se presser. Il faut prendre le temps d’observer. Le thé nous prend par la main pour nous conduire quelque part, en haut d’une montagne, et le chemin que l’on suit fait partie du voyage. Il invite à la contemplation. Pour comprendre le thé, il faut comprendre le chemin qui nous mène à lui. Désirer faire sa connaissance, entrer dans son intimité, l’arpenter. La route qui mène à lui a quelque chose à nous apprendre sur le thé lui-même, son inaccessibilité, son climat, sa terre. Et peut-être ses saveurs. Le thé se dévoile. Observons le chemin, le paysage. Ici, en route pour Trongsa, dans la région des Montagnes Noires, au Bhoutan, je reste en admiration devant la vallée humide de Phobjikha, son sol marécageux, ses entrelacs d’eau. Si j’attends plusieurs jours, les grues à cou noir vont apparaître dans le ciel, comme chaque année, choisir de se poser là, au terme d’une longue migration. Chaque année, la même trajectoire. La même route, vers le sud, pour échapper au froid. Elles viennent du Tibet. Elles sont attendues. Comptées. Des ornithologues, professionnels ou amateurs veulent s’assurer que personne ne manque. Sur la route du thé, je croise celle des grues à cou noir. Le thé nous ouvre à d’autres paysages, d’autres phénomènes. Nous sommes à la fin de septembre. Dans quelques jours elles seront là. Je guette.
La route du thé
28 novembre 2025