A Darjeeling, une situation très difficile


24 avril 2020
A Darjeeling, une situation très difficile

Une région m’inspire une inquiétude particulière en ces temps de pandémie, il s’agit de Darjeeling. Au mois de mars dernier, pour le début des récoltes, j’étais sur place. J’ai pu constater que la situation sociale n’était pas bonne. Un certain nombre de plantations n’avaient pas versé leur salaire aux cueilleuses et celles-ci demandaient naturellement comme préalable au fait de reprendre leur activité, le paiement de l’arriéré. Devant le refus des plantations concernées qui justifiaient le non-paiement en arguant du fait qu’elles perdaient de l’argent et n’étaient pas à même de procéder à ces paiements, dans un nombre significatif de jardins, les feuilles de thé n’étaient plus récoltées.

Difficile de savoir précisément quelles sont les plantations qui sont rentables à Darjeeling et lesquelles ne le sont pas. Depuis des années, c’est un sujet qui revient. Beaucoup de planteurs s’accordent sur le fait qu’il est ici très difficile de ne pas perdre d’argent, malgré les bas salaires et malgré les prix de vente élevés du thé. Sachant que le printemps est justement la saison où se rencontrent les prix les plus hauts, le confinement que nous connaissons et qui se pratique aussi en Inde risque fort d’avoir comme conséquence la fermeture d’un certain nombre de jardins.   

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11 commentaires sur “A Darjeeling, une situation très difficile
  1. Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer ce déséquilibre entre les bas salaires et les prix de vente élevés du thé ?
    Cette situation semble se reproduire depuis plusieurs années ?
    Est-ce liée à la non considération des femmes qui assurent la cueillette? ou réellement à un déséquilibre d’une balance commerciale ?

    1. Bonjour, à Darjeeling les coûts de production sont plus élevés qu’ailleurs en Inde. Par ailleurs, le prix du thé n’est élevé qu’une toute partie de l’année. L’essentiel de la production n’est pas qualitative (thé de mousson, par exemple) et ne couvre pas les frais au dire des planteurs.

  2. c’est bien dommage pour tous ceux qui aiment ces thés. quand je lis ce genre d’informations (salaires bas et prix de vente haut) je me demande toujours où va donc l’argent? qui bénéficie de cette situation de votre point de vue de fin connaisseur?

    1. Bonjour, ça n’est pas forcément simple de vous répondre, je me pose ces mêmes questions depuis longtemps. En fait, une partie du problème s’explique : les thés de Darjeeling se vendent cher à certains moment de l’année uniquement (l’essentiel de la production, de moindre qualité à cause d’un excès de pluie, part aux enchères pour pas grand-chose). Je ne suis donc pas surpris qu’il soit difficile de maintenir un jardin rentable. Par ailleurs, les propriétaires traditionnels des plantations investissaient et voyaient à long-terme, c’est moins le cas aujourd’hui et c’est sûrement néfaste dans la mesure où ceux qui ont pu acquérir des plantations ces cinquante dernières années l’ont fait souvent pour obtenir un rendement et non pas pour y investir. Avec une vue court-terme plutôt que long-terme. Donc sans doute moins concernés par le bien-être des différentes populations qui travaillent dans les plantations.

    2. Bonjour, en fait le prix de vente n’est au ou très haut que pour une toute petite partie de la production. Par ailleurs, je ne suis pas sûr qu’en payant le thé plus cher, cela bénéficierait aux populations locales. C’est tout le problème. L’avenir n’est pas très joyeux, à mon avis, pour Darjeeling, soit on ira vers une mécanisation mais cela risque de compromettre la qualité. Soit on peut imaginer donner la terre à ceux qui la travaillent et leur acheter les feuilles : ils auraient au moins l’avantage de travailler pour eux-mêmes, à défaut d’en tirer un meilleur prix. Cela fait partie des pistes possibles…

  3. Bonjour. Un effort aux négociants ne devrait-il pas être demandé pour essayer de résoudre cette demande légitime des cueilleurs et ne pas perdre la production de printemps ce qui n’arrangera rien?

    1. Bonjour, ça n’est pas si simple. Je me suis souvent posé cette question et j’ai la conviction que si je payais le thé de Darjeeling plus cher, les cueilleurs n’en tireraient pas le moindre bénéfice. Au contraire du Népal où j’ai le sentiment qu’en payant plus cher nous aidons directement les fermiers.

  4. Bonjour et merci pour cet article.
    Aux vues de la pandémie, pouvons-nous espérer cette année déguster un Namring first Flush?

    1. Bonjour, je viens de sélectionner un Namring, en effet. Encore deux semaines de patience le temps de le faire venir et de l’analyser en laboratoire. Mais souvenez-vous que le nom du jardin ne fait pas tout et qu’un jardin prestigieux peut très bien ne pas être à la hauteur une saison, parce que le « tea maker » (l’équivalent d’un maître de chais) aura changé, par exemple.

  5. De tout Coeur avec ceux qui partagent la situation sur place avec les populations locales… connaissant certaines des avancées des valeurs sociales/sanitaires en Europe de l’O. et la région qui « semblait » bien loin de la capitale… mais ne faut-il pas se rappeler que chacun-e est devant ce qu’il-elle a à vivre pour élargir le « jardin » de sa propre Conscience et son rayonnement inconditionnel dans ⊙Maitri~Karuna~Jnana○ ou tout autre vocable♥️

  6. Bonjour Monsieur Delmas, juste pour info si pas au courant, « Jai Jagat 2020 » marche humanitaire New-Delhi 2.10.2019 – Genève Forum des Nations (ONU) fin septembre 2020 (interrompue) pour défendre les intérêts des populations rurales – par un Disciple du Mahatma Gandhi et entourage internationnal… remarquable et ?? une initiative à prendre ??

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