Chaque année, ce sont les thés de Darjeeling qui ouvrent le bal des nouvelles récoltes. En 2021, Covid ou pas Covid, le résultat sera le même si tant est que l’on ne confine pas du côté des contreforts himalayens. Alors la récolte pourra débuter, comme à l’accoutumée, aux alentours de la fête de Holi. Après un hiver sec (les dernières pluies importantes datent de septembre), les théiers sont à la peine. Il va falloir qu’il pleuve pour que les bourgeons qui ne demandent qu’à se développer se transforment en feuilles.
Plantation
Singbulli change de mains
Les plantations de thé changent parfois de mains et c’est une information importante pour un chercheur de thé. Le jardin de Singbulli (photo), à Darjeeling, vient d’être vendu. Quel sera le prochain planteur ? Quelle connaissance aura-t-il du thé et quelle façon de manufacturer sera la sienne ? Autant de questions qui montrent que l’on ne peut pas se fier au seul nom d’un jardin. La vie des tea estate évolue et avec elle la qualité des thés qui y sont produits. Pourvu que dans le futur, Singbulli continue de manufacturer les délicieux thés auxquels nous avons été habitués, je pense à ces fameux thés produits à partir du cultivar AV2 et sur la meilleure parcelle, celle de Tingling.
Vive le bon sens
Il arrive à nos compatriotes d’utiliser un intermédiaire américain pour obtenir un livre disponible facilement chez le libraire de leur quartier ; d’envoyer le prix de sa course à San Francisco plutôt que de tendre le bras à l’artisan et la lui régler directement. Il en est de même avec les repas préparés par nos chers restaurateurs qui ont tant besoin de notre soutien.
Pour le thé, ne comptez pas sur moi pour marcher sur la tête. Le Palais des Thés achète ses thés à des producteurs qu’il connaît. Il leur envoie leur règlement directement, bien sûr, et peu importe si le fermier se situe dans un village du Népal, un haut plateaux du Malawi, une île japonaise. Nous sommes heureux de contribuer ainsi au bien-être de celles et ceux qui ont joint leurs efforts pour donner naissance à un délicieux cru. Vive le thé, et le bon sens !
Autour du lac de Maskeliya
Que diriez-vous d’une promenade avec moi autour du lac de Maskeliya, au Sri Lanka ? Nous sommes ici à mi-chemin entre les “high grown” et les “low grown”. Entre les thés de montagne de la région de Nuwara Eliya et les thés souvent remarquables produits dans la jungle qui entoure la forêt de Sinharaja plus au sud. Cette vue est celle qui s’offre à nous lorsque l’on se tient devant le bungalow de Moray Tea estate. Le lac de Maskeliya, artificiel, est entouré de théiers et ce qui est particulier à cette région c’est la flore magnifique – cassia, poinsettia flamboyants, entre autres -, qui réchauffent de jaune ou bien de rouge le vert éternel de nos camelias.
La vallée de Kangra
Aujourd’hui, je vous emmène dans la vallée de Kangra, aux confins de l’Etat du Pendjab et de celui du Cachemire, en Inde. Une région où les plantations de thé ont été organisées par les Anglais dans la seconde moitié du XIXe siècle.
En 1905, un terrible tremblement de terre ravagea les domaines et nos amis British abandonnèrent la production de peur qu’à nouveau, la terre ne s’ouvre en deux. Plus d’un siècle plus tard, les mêmes plantations se portent à merveille, on y récolte un thé dont la qualité s’est nettement améliorée avec les années, et aucun tremblement de terre majeur n’y a été ressenti depuis.
Nos amis népalais ont besoin de vous
De tous les pays producteurs de thé, celui qui a le plus souffert du Covid 19 est le Népal. Plusieurs raisons à cela : de petites fermes éparses ; des infrastructures défaillantes (routes coupées, aéroport international fermé ou saturé) ; une absence d’accès à la mer…
Le Népal fait partie des pays les plus pauvres du monde. J’ai fait de mon mieux pour soutenir mes amis producteurs durant cette période difficile et de délicieux thés qui auront mis plusieurs mois à nous parvenir commencent à être disponibles. Je compte sur vous pour les découvrir au nom de ces petits producteurs, de ces coopératives, de ces fermiers souvent très jeunes, qu’il faut encourager et ne surtout pas laisser tomber. La qualité et la variété de la production sont uniques lorsque l’on regarde du côté des Grands Crus, le rapport qualité-prix également.
Gare à la canicule !
Le théier n’aime pas la canicule. Dans les régions les plus chaudes, on le fait pousser sous couvert, comme ici, à Taiwan. Sous couvert, cela ne signifie pas tout à fait à l’ombre, cela signifie que de temps à autres nos chers petits bourgeons vont connaître un peu de répit. En deux mots, on veille à ce que la lumière ne vienne pas de façon directe, tout au long de la journée, taper contre les feuilles.
Au Kenya, pour fêter la fin du confinement
Aujourd’hui je vous emmène sur les pentes du Mont-Kenya. A près de 2.000 mètres d’altitude, on y cultive un thé noir assez charpenté, aromatique. D’une plantation à l’autre, la qualité varie. L’un des plus fameux centres de recherche sur le thé s’y trouve, une chance pour les fermiers alentour qui vont pouvoir disposer de conseils judicieux et conformes aux normes de l’agriculture biologique, ici très répandue.
L’alignement de poteaux blancs sur lesquels est inscrit le nom du cultivar donne à cette parcelle l’allure d’un mémorial. Une belle façon d’enterrer notre confinement.
Y a d’la joie !
Depuis près de vingt ans on n’avait pas vu ça à Darjeeling : un hiver pluvieux. Depuis près de vingt ans, les planteurs ne cessent de se plaindre de la sécheresse qui sévit en janvier, en février ou bien les deux à la fois. En 2017, comble de malchance, pas une seule goutte d’eau n’était tombée entre octobre et mars. En 2020, enfin, la région a subi de magnifiques précipitations durant tout l’hiver. Mais l’eau ne fait pas tout. Pour que les feuilles du théier poussent, il leur faut aussi de la chaleur. Or cette année, voilà qu’il fait trop froid pour que les feuilles se développent.
En attendant que la terre se réchauffe, on déguste à nouveau les thés de l’an dernier pour se les remémorer ainsi que les rarissimes lots de basse altitude tout juste produits en quantité minuscule. Et du côté des cueilleuses, on se fait une joie de chanter.
En attendant l’Inde du Nord, découvrez l’Inde du Sud
Chaque année vous êtes nombreux à attendre de pied ferme les premières récoltes de printemps, en provenance de Darjeeling. Mais comme vous le savez peut-être, les premiers thés de Darjeeling ne sont pas les meilleurs et il est préférable de ne pas se précipiter.
Cela tombe bien, je viens de sélectionner au Tamil Nadu un Kotagiri Frost assez exceptionnel. Si l’Inde du Sud produit du thé en quantité monumentale, la qualité est rarement au rendez-vous. Pourtant, en cherchant bien, on trouve de petites plantations capables de manufacturer, à certaines périodes de l’année, des thés remarquables. Tel est le cas de ce Kotagiri Frost qui sera disponible sous quinze jours et que je vous invite à déguster le temps que les brumes de l’hiver se dissipent du côté de l’Himalaya et offrent au tendres pousses la liberté de grandir.