La ville de Cochin (Inde) fait partie des anciens comptoirs qui se sont développés grâce au thé. Dans le cas de la capitale de l’état du Kerala, on peut ajouter les épices, le café, le jute. Toutes ces denrées étaient chargées dans les cales des navires qui faisaient voile vers l’Arabie. De nos jours encore, de nombreuses sociétés de thé indiennes maintiennent leur présence dans cette ville, notamment sur l’île de Willingdon. Et si vos pas vous mènent le long des rues qui relient le charmant quartier de Fort-Cochin à celui de Mattancherry, vous pourrez apercevoir les entrepôts des grossistes offrant par balles entières, outre le thé et le café, la cardamome, le gingembre, le poivre, la muscade…. Une promenade olfactive et un saut dans le temps car les maisons conservent le style des colons portugais et hollandais. L’ombre de Vasco de Gama s’étire partout dans la vieille ville. Non loin de là, pour le plus grand bonheur des touristes, les filets chinois vont et viennent au bout d’un bras lesté de lourdes pierres.
De la plante à la tasse
Les routes du thé
Durant des siècles, le thé a voyagé à dos d’âne, à dos de cheval, à dos de yak. Il existait plusieurs routes du thé. Ces routes partaient des provinces chinoises productrices de thés compressés (Yunnan, Sichuan…) pour rejoindre le Tibet. A cette époque, le thé s’échangeait contre du sel ou bien contre des chevaux.
Pour perpétuer la tradition, certains, de nos jours, organisent des reconstitutions et l’on peut alors voir défiler des bêtes par centaines qui portent sur leurs flancs des galettes de thé.
Derrière les thés que vous aimez il y a des visages
Lorsque l’on se prépare un thé, on peut avoir envie d’en savoir davantage sur le breuvage en question, par exemple découvrir le paysage qui l’a vu naître, ou bien faire connaissance avec celles ou ceux qui ont participé à sa manufacture. Tant mieux si mon blog peut vous offrir cette possibilité ! Pour les amateurs du thé du nord de la Thaïlande (Milky oolong, par exemple), voici les visages de cueilleuses de Mae Salong en pleine récolte des feuilles.
Des paysages variés
Le thé pousse dans de nombreux pays mais d’une région à l’autre les plantations ne se ressemblent pas. A la douce ondulation des lignes de théiers, au choix des arbres qui leur apporte une protection légère, aux pierres sombrent qui parsèment le domaine, on reconnaît ici le sud de l’Inde. Munnar (Kerala), Coonoor (Tamil Nadu) produisent des thés de qualités diverses. C’est autour de la ville de Ooty (Tamil Nadu) que l’on trouvera les meilleurs crus.
Sous le toit du monde
Le thé se cultive à Darjeeling jusqu’à fin novembre, à une ou deux semaines près, selon la température des sols. En effet, sitôt que l’on descend sous les 16 degrés, le théier entre en dormance jusqu’au printemps suivant. Novembre, un mois idéal pour admirer le troisième sommet du monde, le Kanchenjunga, qui domine les contreforts himalayens.
Faire suer
Les thés noirs sont oxydés et les thés verts ne le sont pas, c’est ce qui fait leur différence. En ce qui concerne les oolong, c’est plus compliqué : ils sont un peu, beaucoup ou passionnément oxydés, c’est-à-dire qu’ils subissent une oxydation partielle qui peut aller de 10% à 70%. Bien sûr, un oolong peu oxydé aura un parfum plutôt végétal alors que celui qui aura subi une oxydation poussée développera des notes boisées et fruitées. Quel que soit le taux d’oxydation recherché, les étapes de la manufacture sont les mêmes : flétrissage, sudation, torréfaction, roulage et enfin séchage. L’étape de la sudation – essentielle – alterne des phases de brassage des feuilles et des phases de repos comme l’illustre cette photo. Le but de cette étape est de permettre l’oxydation tout en faisant perdre aux feuilles l’eau qu’elles contiennent naturellement.
Un éternel recommencement
Dans ma recherche de Grands Crus, je regarde ce que produisent les fermiers ou les plantations que je connais déjà, je recherche aussi de nouvelles fermes, parfois dans de nouvelles régions, parfois dans de nouveaux pays. La sélection des Grands Crus est un éternel recommencement. S’agissant de thés rares et exceptionnels, rien ne m’assure qu’un producteur réputé va être capable de refaire un thé aussi épatant que celui de l’année précédente. Il faut goûter les productions – à l’aveugle pour ne pas être influencé par le prestige d’une appellation ou par la sympathie d’un fermier. Et il faut de temps à autre faire son baluchon et partir à l’aventure. Le Rwanda, par exemple, peut produire de très bons thés, il compte au nombre des pays dans lesquels j’ai l’intention de retourner bientôt, le temps d’arpenter les différentes plantations.
Le thé au jasmin c’est tout un art
Les plus beaux thés au jasmin du monde sont produits entre août et septembre dans la province du Fujian (Chine). Ils sont manufacturés sur une base de thé vert et comme les meilleurs thés verts sont récoltés en avril, on aura pris soin de réserver à cette époque la quantité nécessaire. La récolte des fleurs de jasmin, quant à elle, a lieu à la fin de l’été. Ces fleurs ont la particularité de s’ouvrir le soir et c’est donc à l’heure où elles se mettent à embaumer que l’on superpose lit de fleurs et lit de feuilles de thé. Ces dernières vont alors s’imprégner de l’enivrant parfum. Et toute la nuit on prendra soin de mêler du mieux que l’on pourra feuilles et fleurs, afin de s’assurer de la plus complète absorption du parfum par les feuilles. On les séparera au petit jour, la fleur de jasmin n’apportant rien à l’infusion sinon de l’amertume.
Pour une rémunération juste
Combien de temps le thé sera-t-il encore récolté à la main, en Inde, où les conflits sociaux sont récurrents ? Cueilleuses et cueilleurs réclament des augmentations justifiées, seulement les plantations sont tout juste rentables pour certaines, font des pertes pour d’autres. Par ailleurs, le thé est déjà vendu cher et sans que cela bénéficie aux populations locales. Risque-t-on de voir, un jour et faute de cueilleuses, des récoltes mécaniques remplacer la récolte manuelle ? Avec quelles conséquences sur la qualité ? Ou bien ira-t-on vers une transformation des plantations en coopératives afin que chacun s’y retrouve et puisse vivre correctement de son travail ? Des questions à ce jour sans réponse.
Une production limitée
En Afrique du Sud, seul pays producteur, 350 fermiers cultivent le rooibos. L’Australie s’est essayée à cette culture, ainsi que les Etats-Unis (Californie), en vain.
Ici, la récolte, effectuée sous des températures élevées, par une main d’œuvre souvent venue des pays limitrophes.