Au Japon, la récolte la plus prestigieuse de l’année a lieu entre fin avril et début mai. C’est à ce moment-là que l’on manufacture les fameux ichibancha, ou thés de la première récolte. Au début du mois de juin a lieu la taille suivante. Elle donne des thés intéressants mais qui ne sont toutefois pas au niveau des précédents. Ici, dans les environs de Shizuoka, je participe à ma manière aux opérations, au volant d’une Kawasaki assez différente de celles que l’on peut voir circuler dans les rues de nos villes. Pour des raisons de coûts de main-d’œuvre, le Japon est l’un des rares pays au monde à avoir mécanisé ses opérations de cueillette.
La fabrication du thé
Pour que déguster le thé reste toujours un plaisir
Me voici en Inde pour le commencement des récoltes de printemps. Entre le moment où nous dégustons un thé aussi fragile qu’un thé primeur, entre le moment où nous l’achetons, où ce thé est mis à bord d’un avion, et le moment où vous le trouvez dans votre boutique préférée, il s’écoule un certain nombre de jours, incompressibles. En effet, une fois rendu dans nos entrepôts et à moins que ce lot soit déjà certifié « bio » par un organisme agréé, nous envoyons et de notre propre fait un échantillon de ce thé dans un laboratoire indépendant afin qu’il soit soumis à un contrôle très strict de plus de deux cents résidus de pesticides. Et pour les thés déjà certifiés, nous pratiquons tout de même des tests et sur une base cette fois aléatoire. Seul en France à s’être hissé à un tel niveau d’exigence, Palais des Thés assure ainsi la communauté des amateurs de la parfaite conformité de ses lots et de leur bien-être à tous.
Photo : Alexandre Denni.
C’est le bouquet !
Au Pérou, le thé vaut si peu cher, il est si peu demandé que la moitié de la production part chez les fleuristes. Les rameaux du théier tiennent longtemps en bouquet. Mais cela est tout de même un peu triste pour les fermiers qui se privent ainsi, faute de savoir-faire, faute d’une demande plus soutenue, de précieux revenus. Ceux-ci leur permettraient de vivre correctement et de développer leur activité. Et c’est mon rôle ainsi que celui de Palais des Thés que de les aider à manufacturer des lots de thé de meilleure, voire d’excellente qualité, et de faire connaître leur travail.
Roulés en boule
Si vous prélevez la feuille d’un camelia sinensis et versez dessus de l’eau chaude, vous n’obtiendrez rien. La feuille de thé a besoin d’être malmenée pour rendre ensuite, au contact de l’eau, ses arômes, ses saveurs. Aussitôt après la cueillette, le producteur de thé va donc travailler ses feuilles, leur faire perdre la majeure partie de leur humidité, et éventuellement briser leur structure sans les briser elles-mêmes, afin que le jus contenu dans leurs multiples cellules en soit extrait. Voici l’une des machines dont l’on se sert ici, dans l’ouest de l’île de Java (Indonésie). Elle permet de serrer au plus fort un sac en textile bien rempli, et que l’on va ensuite placer entre deux disques de métal pour lui faire subir une forte pression. Très utilisé à Taiwan lors de la manufacture des oolong, cet outil sert aussi à fabriquer des thés verts que l’on souhaite rouler en boule.
Des notes héspéridées
Du côté de Reggio di Calabria, au sud de l’Italie, la bergamote se récolte de novembre à février sur des arbres qui produisent chacun entre 80 kilos et 120 kilos de fruits par an. Cet agrume, très utilisé en parfumerie, donne au fameux earl grey ses notes hespéridés. Toutes les vallées de la région (ici, la vallée de San Carlo) vivent de cette culture et offrent des vues à couper le souffle sur la mer Ionienne ou le détroit de Messine.
Du thé en Bretagne
Il existe des tentatives de cultiver le camelia sinensis dans de nombreux pays, y compris en France. Sur les rives du Blavet, du côté d’Hennebont (Morbihan), Denis et Weizi font figure de pionniers. Ils ont planté 8 théiers il y a 17 ans, pour subvenir à leur propre consommation. Ils en possèdent 30.000 aujourd’hui, issus de 15 cultivars différents. Leur production pour le moment limitée (20 kg par an) va doubler durant plusieurs années. Leur enthousiasme suscite des vocations et en plus de fournir près de 20.000 plants de thé par an à des amateurs, ils apportent leur aide et forment avec eux une vraie communauté.
Nos amis producteurs
Lorsque je demande à Bente, qui signe les meilleurs thés de Tanzanie, en quoi Palais des Thés lui est utile, à elle et à sa communauté, la réponse fuse :
– Pour payer les salaires !
Et elle ajoute : …pour assurer la sécurité de la plantation, des salariés…Et pour la fierté, bien sûr !
– Merci pour votre support, complète Bente, et merci de nous aider à nous faire un nom dans le monde du thé. Quand vous venez avec vos équipes, vous me montrez ainsi qu’à tous ici que vous croyez en nous et que l’on peut compter sur vous !
À Bente, à nos amis producteurs, à nos clients, à nos équipes, je souhaite de très joyeuses Fêtes !
Alex cultive les expériences
Lorsque vous lirez ces lignes je serai auprès de mon ami Alex à déguster chacun de ses thés. Sa plantation de Satemwa, au Malawi, fait partie de l’une des meilleures plantations d’Afrique. Non content de produire du thé pour les besoins d’acteurs industriels, Alex a mis au point différents ateliers dans lesquels il s’essaye avec succès à des expériences variées. Les thés semi-oxydés, les thés verts, blancs, fermentés, fumés, sculptés, il a tenté tout type de manufacture, ou presque. La curiosité n’est pas un vilain défaut, au contraire, c’est grâce à elle que nous progressons et Alex le démontre tous les jours.
Pour tous les goûts
Les mentalités évoluent et je m’en réjouis. Aux premières heures de Palais des Thés, les thés de Chine suscitaient une opinion très tranchée de la part des clients. Certains les adoraient, d’autres les détestaient au prétexte que tous les thés de Chine étaient plus ou moins fumés. Il régnait une grande méconnaissance à leur propos. Trente ans plus tard, quel plaisir de constater que les clichés ont à peu près disparu. Non seulement il est communément admis que tous les thés de Chine ne sont pas fumés, mais il existe aujourd’hui un fort engouement pour les thés verts, blancs, bleu-vert, jaunes, sombres ou noirs, en provenance du pays qui a vu naître le thé.
Un beau paysage ne fait pas toujours un bon thé
Si les plantations de thé du Sri Lanka figurent parmi les plus belles du monde, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Il faut savoir ne pas se laisser influencer par de beaux paysages. Les meilleurs thés de l’île se rencontrent dans le sud, dans une région peu montagneuse tandis qu’ici, à l’ouest de Nuwara Eliya, plus que d’une expérience de dégustation remarquable, on peut jouir de vues magnifiques.
 

