Inde

Pour que Darjeeling se réinvente

14 avril 2023
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Année après année, la situation à Darjeeling n’évolue pas de façon heureuse. Je ne veux pas parler ici de la situation politique, fragile depuis des décennies, mais du marché du thé. Chaque année, les premières récoltes se négocient un peu plus cher alors que le thé n’est pas meilleur pour autant. Sur un autre plan, les employés des plantations se plaignent à juste titre de salaires très bas. Et paradoxalement, les propriétaires eux revendiquent tous, outre des charges en forte hausse, une absence de profitabilité voire des pertes d’exploitation. Et l’on voit même des jardins fermer. Pour mémoire, les propriétaires des plantations louent les terres à l’Etat. Et le planteur, celui qui dirige la plantation, est un salarié comme un autre, et parfois il quitte le domaine, quand cela fait des mois qu’il n’est pas payé, par exemple. Pour couronner le tout, il se vend beaucoup plus de thé de Darjeeling dans le monde qu’il n’en est produit, la faute à toutes sortes de trafics qui commencent sur place.

Sur ce sujet, les Indiens sont prompts à accuser les Népalais de tous les maux, de copier les thés de Darjeeling, par exemple, ils se trompent. D’une part, les Indiens ne sont pas les derniers et loin de là à importer des thés du Népal pour les commercialiser ensuite en tant que thés de Darjeeling. D’autre part, les Népalais depuis une ou deux décennies se mettent à produire de délicieux thés, souvent d’un niveau largement équivalent à ceux de Darjeeling, voire supérieur, et pour la moitié du prix. Il ne s’agit ici en aucun cas de contrefaçon, plutôt de compétition. Où est l’erreur ? Un niveau de vie moindre au Népal et des fermiers indépendants qui ne comptent pas les heures peuvent expliquer une partie de l’équation. Quoi qu’il en soit, il va falloir que Darjeeling se réinvente… (à suivre…)

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Une année qui commence bien

7 avril 2023
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Le premier thé de l’année en provenance des contreforts himalayens à rejoindre Paris représente toujours un temps fort. D’une part, c’est à Darjeeling d’abord, avant la Chine, avant le Japon – et pour ne s’en tenir qu’aux régions de thé les plus prestigieuses au monde – que les théiers sortent de leur hibernation. Cette année, d’autre part, le premier thé à nous arriver est un Puttabong DJ1. DJ1 signifie qu’il s’agit du premier lot manufacturé de l’année. Puttabong bénéficie par ailleurs d’une aura toute particulière puisqu’il s’agit du premier jardin créé par les Anglais au milieu du XIXème siècle dans cette région du monde située aux confins du Tibet, du Népal, du Bhoutan. Le premier thé du premier jardin, frais et floral, aux effluves subtilement vanillées, zestées, amandées… Voici une année qui commence bien.

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Yanki, une production confidentielle

24 mars 2023
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Darjeeling ne se limite pas à ces grands domaines créés par les Anglais à une époque où le soleil ne se couchait jamais sur les territoires de Sa Majesté. De nos jours, au-delà des 83 plantations officielles et dûment enregistrées, il existe diverses initiatives locales, de petites manufactures plus confidentielles qui produisent parfois de très jolis thés. Yanki, par exemple, fait partie de celles-ci, et du côté du village de Mirik, Allan et sa famille travaillent la feuille de thé avec succès. Tandis que la plupart des planteurs de Darjeeling arrivent de diverses régions de l’Inde, eux sont originaires de ces montagnes et parlent la même langue que leurs habitants, le népali. Allan et les siens achètent les feuilles fraîches des villageois alentour et à partir de ces feuilles ils mettent au point des crus fameux.

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Six mois sans pluie

16 mars 2023
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Au début du printemps, sur chaque rameau du théier, on voit apparaître les jeunes pousses. Ici, à Darjeeling, elles surviennent après un long hiver durant lequel chaque camélia entre en dormance. Cette hibernation dure près de quatre mois, de mi-novembre à début mars environ, selon les conditions climatiques ambiantes.

Cette année, du côté de ces contreforts himalayens sur les pentes desquelles les Anglais ont eu l’idée de faire pousser le thé, il n’y a de cela pas deux siècles, la sécheresse a sévi. Six mois sans pluie ou presque. Dérèglement climatique oblige, lié au réchauffement de la planète, selon les uns, à la déforestation, selon les autres. La conséquence de ces désordres se traduit en chiffres et à la mi-mars, on s’attendait à une production inférieure de moitié à ce qu’elle était l’an passé. En ce qui concerne la qualité, pas d’inquiétude, une pousse lente plaidant plutôt en faveur d’une qualité accrue et d’une plus grande concentration aromatique.

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« Du temps donné aux moustiques »

10 mars 2023
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Si vous ne priez pas, en Inde, c’est du temps donné aux moustiques, écrit Henri Michaux, et cela est particulièrement vrai de la ville de Bénarès que les Indiens nomment de nos jours Varanasi. Ici la religion se rencontre à tous les coins de rue et attire chaque soir, sur la rive du fleuve sacré, une foule immense. Il faut veiller jusque tard pour que de la cité ne reste que ses fantômes et cette ferveur encore palpable entre les fumées d’encens et les bougies chargées d’amour envers un disparu. Quant aux ablutions et quelle que soit l’heure du jour, c’est chacun son style. 

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Pour que déguster le thé reste toujours un plaisir

3 mars 2023
Pour que déguster le thé reste toujours un plaisir

Me voici en Inde pour le commencement des récoltes de printemps. Entre le moment où nous dégustons un thé aussi fragile qu’un thé primeur, entre le moment où nous l’achetons, où ce thé est mis à bord d’un avion, et le moment où vous le trouvez dans votre boutique préférée, il s’écoule un certain nombre de jours, incompressibles. En effet, une fois rendu dans nos entrepôts et à moins que ce lot soit déjà certifié « bio » par un organisme agréé, nous envoyons et de notre propre fait un échantillon de ce thé dans un laboratoire indépendant afin qu’il soit soumis à un contrôle très strict de plus de deux cents résidus de pesticides. Et pour les thés déjà certifiés, nous pratiquons tout de même des tests et sur une base cette fois aléatoire. Seul en France à s’être hissé à un tel niveau d’exigence, Palais des Thés assure ainsi la communauté des amateurs de la parfaite conformité de ses lots et de leur bien-être à tous. 

Photo : Alexandre Denni.

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Un marathon qui a pour nom Darjeeling

8 avril 2022
Un marathon qui a pour nom Darjeeling

Chaque année, les tea sommeliers que nous sommes ont droit à leur marathon. Il a pour nom Darjeeling. Les échantillons de thés de printemps en provenance de cette région arrivent par pochette de dix, vingt, trente. Il faut tout goûter dans la demi-journée si l’on veut avoir une chance que les thés soient encore disponibles. Plus l’on se dépêche, plus c’est cher, mais plus l’on tarde et plus on prend le risque de ne rien avoir du tout des thés que l’on aime. Cet exercice qui ne se pratique que pour Darjeeling, du fait que les ventes se font au plus offrant et que les lots ne dépassent pas quelques dizaines de kilos, dure environ six semaines. A la suite de quoi toute la production printanière a trouvé preneur et les théiers, contrariés par trois prélèvements successifs, font une pause avant de reprendre leur pousse. On peut se permettre ici un constat : année après année, ces thé valent de plus en plus cher. Pourtant, tous les jardins situés à Darjeeling prétendent perdre de l’argent du fait des coûts de production en hausse, et ces hausses ne semblent malheureusement pas bénéficier aux cueilleuses. Les audits de Mckinsey, si décriés en cette veille d’élection, seraient ici précieux pour faire la lumière sur ce mystère.

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Un printemps à s’offrir

11 mars 2022
Un printemps à s’offrir

Dans un monde en fureur, prenons le temps du thé, et puisque le printemps arrive, avec lui les premières fleurs, les premières pousses, dégustons celles qui nous parviennent tout juste de l’Himalaya. Les camelias sinensis les plus précoces s’épanouissent sur les contreforts de ce fameux massif et la saison du thé commence à peine à Darjeeling. Après un hiver rigoureux, une longue dormance, les théiers s’éveillent. Les plus jeunes feuilles récoltées à l’extrémité de chaque rameau développent à la tasse des parfums floraux, amandés, herbacés.

Je viens d’acheter le lot de « Rohini Early Spring Ex 4 », ainsi que le « Millikthong Early Spring Ex 2 ». Une fois parvenus en France et envoyés en laboratoire pour analyse, Safetea™* oblige, ils seront disponibles. Et avec eux une pause, un moment à part, un parfum de printemps, à une certaine distance du bruit du monde.

*Engagement de Palais des Thés de proposer à ses clients uniquement des thés certifiés issus de l’agriculture biologique ou analysés en laboratoire indépendant afin de s’assurer de leur conformité avec la législation européenne.

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A Darjeeling, les récoltes précoces ne sont pas les meilleures

25 février 2022
A Darjeeling, les récoltes précoces ne sont pas les meilleures

Cette année ne ressemble à aucune autre et je suis bien incapable de prédire la façon dont elle va se dérouler en termes de culture, de transport et de disponibilité des grands crus. De Darjeeling, j’apprends à l’instant que l’on vient de récolter le tout premier lot. Ceux qui me suivent depuis longtemps, les amateurs de Darjeeling de printemps, entre autres, savent qu’il ne faut pas se précipiter. Dans cette région, on commence par récolter les feuilles de basse altitude, elles jouissent de températures plus clémentes. Au fur et à mesure que celles-ci se réchauffent, les jardins situés en hauteur récoltent à leur tour. Or plus la période de dormance aura été longue, plus la sève aura été lente à monter et plus les feuilles cueillies seront chargées en huiles essentielles. Un avantage qualitatif pour les jardins qui tarderont à venir.

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De chaleureuses pensées

22 octobre 2021
De chaleureuses pensées

Les intempéries en Inde et dans les régions himalayennes, qui ont fait de nombreuses victimes et des dégâts considérables, ont eu des conséquences sévères dans plusieurs régions de thé, à commencer par le district de Darjeeling ainsi que les vallées orientales du Népal. Le sud de l’Inde n’a pas été épargné. Des pluies violentes qui entraînent des glissements de terrain, arrachent routes et ponts, en sont la cause, en sus des activités humaines diverses qui vont de la déforestation à la construction de barrages en passant par un urbanisme non maîtrisé.

Porter davantage attention à notre planète, étendre notre bienveillance aux générations futures, telle devrait être notre préoccupation de chaque instant.

Je propose à celles ou ceux qui le souhaitent de prendre le temps aujourd’hui de se préparer un beau thé de Darjeeling ou bien du Népal, de le déguster de façon harmonieuse face à un beau paysage, par exemple, et d’envoyer ainsi à nos amis de chaleureuses pensées.

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