Avis aux amateurs de Long Jing. Voici précisément à quoi ressemble la source du Puits du Dragon qui a donné son nom à ce thé prestigieux ainsi qu’à la ville eponyme. Nous sommes ici à quelques kilomètres de Hangzhou (Chine).
De la plante à la tasse
Le Long Jing : un thé à 36 000 euros le kilo
La visite des dix-huit théiers impériaux de Long Jing constitue une étape obligée pour les touristes en promenade dans cette région. Ces théiers doivent leur statut à l’empereur Qian Long qui a souhaité manifester ainsi son engouement pour ce fameux «Puits du Dragon » qui reste aujourd’hui l’un des meilleurs thés verts de Chine.
Censés dater du XVIIIème siècle, je me demande si ces arbustes n’ont en réalité pas fait l’objet d’un remplacement discret tant certains de leur tronc ne font pas leur âge. Mais pour les acheteurs cela semble importer peu si l’on en croît le prix auquel s’est vendu cette année leur petite mais ô combien prestigieuse production : 36 000 euros le kilo !
Le premier thé de « Delmas Bari » vient d’arriver
Cela ne doit maintenant pas faire loin de dix ans qu’au sein du domaine de North Tukvar une parcelle porte mon nom. Ces hectares produisent à la meilleure saison un thé remarquable grâce au savoir-faire du planteur, bien sûr, mais aussi grâce à la qualité des théiers sélectionnés. Ils comptent ici parmi mes préférés.
Pour la première fois, un lot unique de cette parcelle est arrivé à Paris. Amateurs de notes délicates, fruitées et végétales, de parfum de fleur blanche, je vous donne son nom : Darjeeling North Tukvar DJ14 Delmas Bari.
Déguster de nouveaux thés constitue un vrai bol d’air
Tandis que nombre d’entre vous profitent du long congé de l’Ascension pour se mettre au vert, me voici à Paris devant ma table de dégustation et face à un nombre impressionnant d’échantillons. Le week-end ne suffira pas à les goûter tous. Alors que les récoltes sont arrêtées du côté de Darjeeling voici que de Chine me parviennent des thés verts primeurs aussi beaux les uns que les autres. Chaque année leur parfum végétal me fait comme un grand bol d’air. Et voici que je reçois également la plupart des productions népalaises qui ont atteint depuis près d’une décennie un excellent niveau. De nouveaux jardins les rejoignent et font parler d’eux. L’excellence se mérite et il leur a fallu des années pour en arriver là. Tels ces jeunes plants de thé qui reçoivent ici les soins les plus délicats.
Les feuilles du théier attirent aussi les grenouilles
Les feuilles du théier attirent de nombreux prédateurs, sûrement en raison de leur goût délicieux.
Outre ses qualités gastronomiques, le thé se veut synonyme de bien-être et de sérénité. Ce n’est pas cette inoffensive grenouille, ici très à ses aises, qui nous contredira.
Des panneaux pour attraper les insectes nuisibles
Dans les plantations de thé, on fourmille d’idées pour attraper les insectes nuisibles. Par exemple ici, à Hangzhou, on dispose des petits panneaux couverts de glue, un peu partout entre les théiers. Si le jaune fluorescent de ces accessoires attire les insectes ce sont surtout les phéromones dont ils sont enduits qui possèdent un fort pouvoir attractif.
Rien à voir, donc, avec ces panneaux électoraux qui fleurissent jusqu’à ce week-end aux abords de nos bureaux de vote.
Le Bi Luo Chun se manufacture avec dextérité
A l’instar de nombre de thés verts prestigieux originaires de Chine, le Bi Luo Chun se manufacture dans un grand wok. Je viens de quitter le lac Taihu sur les rives duquel il se cultive, pour rejoindre Suzhou.
La manufacture du Bi Luo Chun doit s’exercer avec une certaine dextérité quand on sait que la température peut monter à 180 degrés dans ce grand récipient. D’où le port de ces gants de coton.
Le Bi Luo Chun : un des thés les plus rares de Chine
Le Bi Luo Chun constitue l’un des thés les plus rares et les plus prestigieux de Chine. Mon ami Waterqian – qui figure parmi les rares fermiers à produire la meilleure qualité de Bi Luo Chun – me montre ici à quoi doit se limiter la récolte : un petit bourgeon accompagné d’une seule feuille. Une telle cueillette est rarissime. Elle explique le prix très élevé de ce thé dont le nom signifie « Spirale de Jade du Printemps ». En une journée chaque cueilleur ne récolte qu’environ deux kilos de feuilles fraîches qui ne donneront, après la manufacture, que deux cent petits grammes de thé.
Mi-avril, mon attention se porte vers la Chine
Chaque année, à la mi-avril, mon attention se porte vers la Chine. En effet, c’est à partir de cette époque que se manufacturent les magnifiques thés verts chinois, qu’ils se nomment Long Jing, Bi Luo Chun ou encore Bai Mao Hou, entre autres. Je suis en ce moment même à deux pas de Suzhou, au bord du lac Taihu.
Chaque jour je fais mon possible pour dormir au milieu des champs de thé. Et voici à quoi peut ressembler, ici, le paysage, à l’heure d’ouvrir l’œil.
La chenille poilue, un autre ennemi du théier
Le thé a de nombreux ennemis et parmi ceux-ci la chenille poilue – Hairy caterpillar, pour les Anglais. Elle pose ici avec une certaine timidité mais ne vous y fiez pas. En effet, cette délicate personne fait moins sa timide lorsqu’il s’agit de ronger à sa base un jeune plant de thé, le ronger tant et si bien et sans relâche qu’elle finit par le couper net au niveau de la base de son tronc. Et voici notre jeune théier à terre, mort.