Je vous présente Kitano Shuichi. Il est l’un des fermiers les plus attachants et passionnés par la culture biologique que j’ai rencontrés au Japon. Depuis 30 ans il pratique ce type d’agriculture, initié par son père. Celui-ci, convaincu des bienfaits du thé « bio » sur la santé a souffert sur un plan économique pendant 10 ans, du fait de rendements très bas, mais il a tenu bon. Aujourd’hui il vend très bien son thé car la demande pour le thé bio est devenue plus élevée. Kitano Shuichi et son père fabriquent leur compost eux-mêmes lorsque d’autres fermiers l’achètent à l’extérieur. Mais surtout, et ça n’est pas banal : ils refusent que quoi que ce soit d’animal entre dans la composition de leur compost. Exit la bouse de vache, par exemple. Ils croient en la bio-dynamie et la pratiquent avec succès. Ils sont si fiers de leur compost qu’ils insistent pour vous le faire goûter. En revanche, pour en connaître la recette exacte, vous aurez beau insister, ils ne dévoileront rien sinon, à travers leur sourire, une joyeuse humeur.
Nos amis les vers de terre
Une plantation de thé qui pratique l’agriculture biologique n’utilise aucun pesticide ou fongicide conventionnel. Elle limite la propagation des indésirables à l’aide de prédateurs ou bien de répulsifs naturels. Quant à l’enrichissement des sols, pour compenser les nutriments que les théiers absorbent, surtout dans le cas d’une agriculture intensive, il nécessite un apport important de matières organiques. Le compost biologique peut être acheté à l’extérieur, ou mieux, produit dans la plantation. En ce cas, on peut avoir recourt à la vermiculture, une pratique assez répandue en Inde. On va alors donner à manger à des millions de vers de terre de la bouse de vache mêlée à des feuilles de bananier hachées, par exemple. Les vers vont produire des excréments et ce sont ces excréments qui seront plus tard disposés au pied de chaque théier.
En Inde, un sud montagneux
Quand on pense au sud de l’Inde, on pense à des temples hauts en couleur, à d’anciens comptoirs actifs dans le commerce des épices, à des plages frangées de palmiers, à ces dédales de canaux sur lesquels glissent les sampans, à des jardins luxuriants… Le sud de l’Inde est moins connu pour ses massifs montagneux. Pourtant ce que l’on nomme les « ghats », c’est-à-dire littéralement les marches, culminent à plus de 2.000 mètres d’altitude. Une altitude et un climat qui plaisent aux théiers.
Grâce à vous
Je visite beaucoup d’endroits qui donnent envie de ne plus en repartir, je me trouve face à des paysages de rêve, une nature magnifique, je rencontre des gens d’une grande gentillesse, mais je reviens toujours, je reviens avec de délicieux thés, souvent, c’est mon métier, et puis avec ces photos que je peux partager avec vous, que je veux partager avec vous et qui sont aussi une manière pour moi de prolonger le voyage, des jours, des semaines plus tard. Ces photos, je vous les montre ici, je vous les explique en quelques lignes et cet exercice me transporte. Grâce à vous je suis revenu, je suis face à ces montagnes qui m’ont vu passer un peu trop vite et j’ai tout loisir de les contempler, ici, en votre compagnie.
Une terre bien tenue
Les pratiques agricoles évoluent avec le temps. Si autrefois on plantait parfois les théiers dans le sens de la pente ce qui se traduisait par des lignes verticales visibles sur la partie gauche de cette photo, aujourd’hui on va installer les jeunes plants suivant une ligne horizontale, ceci afin de limiter l’érosion des sols. Lors de fortes pluies, les eaux vont ruisseler plus lentement et les théiers vont mieux tenir la terre.
Mon ami Anil
J’ai connu Anil il y a plus de 10 ans. A l’époque il dirigeait une plantation de thé d’une très grande beauté, Thaishola, dans le sud de l’Inde. Je lui ai rendu visite à plusieurs reprises. Il m’a beaucoup appris. Il faisait sur ces montagnes que l’on nomme les Nilgiris des thés de qualité. Puis il a été auditeur pour des organismes qui certifient que le thé est produit d’un façon qui respecte la terre et les hommes. Un beau défi. Et aujourd’hui, grâce à son immense expérience, il conseille des plantations de thé. Récemment je lui ai rendu visite avec une équipe de Palais des Thés. Il a été aux petits soins pour nous. Il s’est mis en quatre pour nous organiser des rencontres avec ceux qu’il estime être les meilleurs producteurs de la région. Du matin au soir nous l‘avons harcelé de questions. Il nous a aussi permis de loger dans cet incroyable Ootacamund Club qui vous transporte deux cents ans en arrière, à l’époque de la reine Victoria. Il nous a consacré tout son temps. Jamais lassé par notre soif d’en savoir davantage sur le thé. Jamais avare ni d’une explication ni d’un bon mot. Merci Anil !
Dans l’Himalaya, un accueil en musique
Dans l’Himalaya, on aime la musique. Dès qu’une occasion se présente, on sort son instrument, parfois une guitare, parfois quelque chose de plus traditionnel et on chante, on danse. Ici, en pays Limbu et pour fêter ma venue chacun a revêtu l’habit traditionnel. Jusqu’au dernier rayon du soleil on va jouer, danser face aux montagnes magnifiques. Plus tard on allumera le feu. Un pur moment de bonheur.
Partager sa passion
A travers ce blog qui fête sa septième année, j’ai plaisir à raconter le métier que j’exerce depuis plus de 30 ans, un métier qui peut se lire comme une passion. Le faire découvrir in situ à des équipes de Palais des Thés participe de ce bonheur et leur permet de lever le voile sur ce qui fait mon quotidien. Ils me suivent dans mes visites de champs de thé et je partage avec eux ce temps si important à mes yeux passé avec les fermiers, les planteurs, à comprendre chaque aspect de leur métier et de leur vie. Ici, de gauche à droite, Benoît (qu’un mauvais cadrage dont j’assume la responsabilité prive de son oreille droite), Audrey, Sylvie, Frédéric, Constance et Linda qui n’ont pas l’air malheureux du voyage.
Ici, Shiva
D’un pays à l’autre les divinités changent et à l’heure où certains fêtent Noël, sur d’autres continents on vénère Shiva, ou bien on prie Allah, ou encore suit-on les préceptes de Bouddha. De par mon métier j’ai la chance de me frotter à des gens de culture différente, de religion différente et cette richesse me réjouit. Par bonheur, nous ne pensons pas encore tous la même chose, selon la terre qui nous a vu naître nous n’avons pas les mêmes coutumes, les mêmes rites, nous ne parlons pas les mêmes langues et pourvu que cela dure aussi longtemps que l’univers. Cela rend le voyage passionnant. Il y a des gens qui croient, d’autres qui ne croient pas – même s’ils sont rares dans les coins d’Asie et d’Afrique que je fréquente. Et parmi celles et ceux qui croient j’observe une multitude de rites différents. On prie devant un mur, depuis la chair d’une église, au pied d’un minaret, autour d’un stupa, on prie le vent, on prie le feu, on dépose des offrandes au pied de simples statuettes. Quel que soit celui ou celle à qui vous confiez vos prières et quand bien même vous n’en confieriez à personne, je vous souhaite de Joyeuses Fêtes !
En silence
J’aime le silence. Je déteste que l’on fasse du bruit pour rien. Je n’ai pas la télévision. Je ne vis pas la nécessité d’écouter de la musique en boucle. Je constate que beaucoup de personnes ont peur du silence. Elles vivent avec des écouteurs sur les oreilles, elles parlent même si personne n’écoute, elles s’agitent avec le pouce sur le clavier d’un téléphone. Elles comblent un vide qui ressemble à une menace. Mais de quoi avoir peur ? Je suis heureux dans le silence. Je suis heureux au milieu de la nature, à l’écart du bruit des hommes. Pour les photos, c’est pareil. Une belle photo n’a pas besoin de commentaire. Pas besoin de bruit. Il suffit de la contempler.