Le travail de la feuille de thé s’effectue ici, près de Hangzhou (Chine), à même les parois brûlantes du wok. On chauffe la feuille avant de lui donner la forme désirée, puis de la sécher. Le geste doit être particulièrement rapide et précis d’autant que nombreux sont les fermiers qui préfèrent travailler à main nue.
Manufacture du thé
Le Bi Luo Chun se manufacture avec dextérité
A l’instar de nombre de thés verts prestigieux originaires de Chine, le Bi Luo Chun se manufacture dans un grand wok. Je viens de quitter le lac Taihu sur les rives duquel il se cultive, pour rejoindre Suzhou.
La manufacture du Bi Luo Chun doit s’exercer avec une certaine dextérité quand on sait que la température peut monter à 180 degrés dans ce grand récipient. D’où le port de ces gants de coton.
Le flétrissage des feuilles libère de délicieux parfums
Le flétrissage des feuilles de thé peut durer plusieurs dizaines d’heures durant lesquelles les feuilles vont perdre une partie de l’eau qu’elles contiennent. Afin d’éviter tout risque d’oxydation on va parfois souffler de l’air – froid ou chaud- , par en-dessous. A ce stade, un parfum délicieux va se répandre, très caractéristique et très floral, qui se reconnaît à des centaines de mètres alentour. C’est un parfum dont je ne me lasse pas. Il m’envoûte.
Sélectionner le meilleur thé demande de la minutie
En Chine aussi bien qu’en Inde, lorsque l’on produit un thé de grande qualité, on va s’assurer jusqu’au bout que seules les meilleures feuilles ont été sélectionnées. Ici, à Fuding (Chine), on va regarder une à une toutes les feuilles du Bai Mu Dan qui vient d’être produit. C’est un travail qui demande de la minutie et beaucoup de patience. Et c’est seulement lorsque cette étape sera achevée que les feuilles pourront être mises en caisses et expédiées vers leur acheteur.
L’art délicat du flétrissage des thés blancs
Le flétrissage du thé blanc se faisait autrefois à l’air libre mais il est de nos jours de plus en plus souvent remplacé par un flétrissage dans une pièce chauffée et bien aérée. Cela permet de mieux maîtriser les conditions ambiantes. Ici, dans le Fujian (Chine), la température et le degré d’humidité sont contrôlés et la pièce jouit d’un système de ventilation sophistiqué. Ainsi les feuilles de ce Bai Mu Dan peuvent-elle peu à peu perdre leur teneur en eau.
Des feuilles de thé disposées à perte de vue
En Assam, dès que l’on parle de manufacture de thé tout devient gigantesque et ce, en raison de l’incroyable rendement qui se rencontre ici, quatre fois supérieur à ce qu’il est à Darjeeling. Les plantations elles-mêmes recouvrent des surfaces nettement plus importantes qu’ailleurs dans le pays.
Voyez le flétrissage, par exemple. Au lieu du bac de dix ou quinze mètres que j’ai l’habitude de voir dans d’autres régions de l’Inde ici les feuilles sont disposées à perte de vue. J’ai pris cette photo de nuit et cette pénombre ajoute au mystère de cette phase cruciale qu’est le flétrissage et au cours de laquelle la feuille de thé va perdre une grande partie de l’eau qu’elle contient (jusqu’à 40% en Assam ; jusqu’à 70% à Darjeeling).
Machines utilisées pour fabriquer le thé en sachet
Les plantations de thé d’Assam ont une particularité : elles produisent à la fois du thé que l’on appelle « orthodoxe » et qui est manufacturé selon la méthode traditionnelle ; mais elles produisent également du thé dit « CTC ». Ces trois lettres signifient «Cutting – Turning – Curling » autrement dit « coupé–tourné–roulé ». Le thé CTC n’a rien d’un thé noble. Il est produit à l’aide de machines que j’ai photographiées ici pour vous. Ce thé ne m’intéresse pas beaucoup, et pour cause, il est utilisé, entre autres, dans l’industrie du thé en sachet pour sa capacité à colorer rapidement la tasse et à exprimer de la force.
Le process de fabrication du thé CTC reste néanmoins intéressant à observer : au fur et à mesure de son passage dans les différentes machines la feuille diminue de taille pour ne plus devenir qu’une minuscule bille ronde.
Dernière étape de la fabrication du Taiping Hou Kui
Après avoir été étuvées puis roulées une à une entre les doigts, les feuilles de Taiping Hou Kui sont disposées entre deux tamis. Quelques instants plus tard on recouvre d’un linge le tamis supérieur et l’on va faire pression sur les feuilles à l’aide d’un rouleau afin de les aplatir.
Ces gestes assez fastidieux ne se pratiquent pour aucun autre thé. Sur cette photo prise lors de mon dernier voyage en Chine, vous pouvez voir la fierté de ce producteur qui s’apprête à passer à la dernière étape de la fabrication de ce très beau thé vert, le séchage. Les feuilles que vous voyez sont coincées précisément entre les deux tamis et viennent d’être aplaties.
Le Taiping Hou Kui nécessite un travail incroyable
La manufacture d’un Taiping Hou Kui nécessite un travail incroyable. Chaque feuille, après avoir été étuvée, est roulée à la main dans le sens de la longueur et disposée sur un tamis. On espace les feuilles les unes des autres car on va ensuite passer sur elles un petit rouleau qui va à la fois les aplatir et les élargir.
Le Matcha se broie dans une meule en pierre
Au Japon il existe un thé bien particulier dont l’on se sert lors du Cha No Yu, la fameuse cérémonie de thé, et qui se nomme Matcha.
Le Matcha se distingue des autres thés Japonais par son apparence : il est moulu. Autant dans tous les autres pays producteurs des feuilles de thé brisées ou en poussière sont signe de piètre qualité, autant au Japon ce fameux Matcha fait partie des thés les plus réputés. Il s’agit d’une production particulièrement noble, obtenue à partir de Tencha, un thé d’ombre. Les feuilles de Tencha sont réduites en poudre à l’aide d’une meule en pierre que l’on remplit par le dessus. Cette fine poudre apparaît ensuite, comme sur ma photo, à la limite des deux pierres qui pivotent l’une sur l’autre et repoussent le thé vers l’extérieur.