Le flétrissage du thé blanc se faisait autrefois à l’air libre mais il est de nos jours de plus en plus souvent remplacé par un flétrissage dans une pièce chauffée et bien aérée. Cela permet de mieux maîtriser les conditions ambiantes. Ici, dans le Fujian (Chine), la température et le degré d’humidité sont contrôlés et la pièce jouit d’un système de ventilation sophistiqué. Ainsi les feuilles de ce Bai Mu Dan peuvent-elle peu à peu perdre leur teneur en eau.
De la plante à la tasse
Théier arraché sous une chaleur de plomb
Arracher un théier nécessite une force remarquable car ses racines plongent profondément en terre. Mais si l’homme que vous voyez ici transpire autant ce n’est pas du fait d’avoir réalisé cet exploit. Le théier vient en effet d’être déraciné par une pelleteuse et cet homme se contente de débiter la souche de l’arbuste à l’aide d’une machette. Il transpire de façon intense car la chaleur en Assam et le très fort taux d’humidité que l’on rencontre ici atteignent des sommets.
Ce qui me surprend le plus ici, du côté de Jorhat, c’est l’absence totale de vent. Durant des mois vous ne voyez pas une feuille d’arbre remuer dans cette région de l’Inde enclavée entre les hauts plateaux tibétains, au nord, et les montagnes birmanes à l’est.
Les cueilleurs se donnent rendez-vous pour la pesée
A la mi-journée et aussitôt la cueillette terminée les cueilleurs se donnent rendez-vous pour la pesée.
Ici, à Dufflating (Assam), chacun attend son tour et va l’un après l’autre suspendre au crochet d’une balance mobile le sac contenant les feuilles qu’il a récoltées. Le superviseur note le nom de l’ouvrier et le poids du sac qui déterminera le montant de sa paye du jour. Vous pouvez remarquer que les sacs sont ajourés ce qui permet d’éviter que les feuilles commencent à s’oxyder. Elles doivent être intactes lorsqu’elles atteignent la factory, faute de quoi le thé serait gâté.
Des cueilleuses aux allures de reines
En Assam, à peine la récolte terminée, cueilleurs d’un côté, cueilleuses de l’autre, se rassemblent et partent avec leur précieux panier vers le lieu où l’on va procéder au pesage. Certaines cueilleuses tiennent leur récipient sous le bras mais la plupart vont le poser sur la tête. Un tissu roulé sur lui-même et placé précisément au sommet de leur tête sert de support au panier. Ces étoffes aux couleurs splendides leur font comme une couronne et leur donnent, je trouve, des allures de reines.
En Turquie, on récolte le thé avec une cisaille
D’une manière générale le bon thé se récolte à la main. On va prélever à l’aide du pouce et de l’index, d’un geste aussi précis que rapide, le bourgeon de la feuille ainsi que les deux premières feuilles situés sur chacun des rameaux.
L’usage de cisaille est fortement déconseillé mais il est répandu dans certaines régions du monde où l’on produit des thés sans mettre tous les efforts du côté de la qualité. Aussi sympathiques que soient les fermiers de la région de Rize (Turquie) et aussi accueillants soient-ils, il faut bien reconnaître que leur méthode de récolte confère au massacre.
Ici j’ose leur prêter main forte et j’ai un peu honte, je l’avoue, d’avoir été pris en flagrant délit tandis que je manie leur ustensile.
En Assam, la récolte du thé est hiérarchisée
Le groupe de personnes en charge de la récolte du thé est assez hiérarchisée en Assam. Cela est vrai au sein des grandes plantations, en tout cas, puisqu’il existe par ailleurs des parcelles indépendantes qui appartiennent à de petits producteurs.
Dans les grandes plantations, le manager supervise des assistant-managers qui eux-mêmes organisent le travail des babus dont le rôle consiste à contrôler le travail des sardars qui ont à charge de superviser le boulot d’une brigade de workers.
Sur ma photo prise dans la plantation de Dufflating vous pouvez admirer deux sardars qui n’ont pas l’air particulièrement commodes de prime abord. Mais peut-être expriment-elles tout simplement, par cet air sérieux qui est le leur, l’autorité qu’elles incarnent.
Des feuilles de thé disposées à perte de vue
En Assam, dès que l’on parle de manufacture de thé tout devient gigantesque et ce, en raison de l’incroyable rendement qui se rencontre ici, quatre fois supérieur à ce qu’il est à Darjeeling. Les plantations elles-mêmes recouvrent des surfaces nettement plus importantes qu’ailleurs dans le pays.
Voyez le flétrissage, par exemple. Au lieu du bac de dix ou quinze mètres que j’ai l’habitude de voir dans d’autres régions de l’Inde ici les feuilles sont disposées à perte de vue. J’ai pris cette photo de nuit et cette pénombre ajoute au mystère de cette phase cruciale qu’est le flétrissage et au cours de laquelle la feuille de thé va perdre une grande partie de l’eau qu’elle contient (jusqu’à 40% en Assam ; jusqu’à 70% à Darjeeling).
Le Camélia : un arbuste au feuillage coriace
Dans beaucoup de pays les femmes et les hommes qui partent cueillir les feuilles du théier enfilent une sorte de manchon taillé dans une toile légère et qui leur couvre une partie du bras.
Le Camélia s’avère être plutôt coriace comme arbuste et à la fin de la journée, sans cette protection qui se porte à même la peau ou bien par-dessus un vêtement, leurs bras seraient griffés de toute part.
Gageons que cette jeune femme originaire du Yunnan, assez coquette sous son chapeau de paille, ne me contredira pas.
Rangées de théiers fantaisistes à Kuwapani
Je suis bien conscient d’avoir une chance inouïe de passer des mois de l’année à marcher dans les champs de thé. Je ne m’en lasse pas. Les plantations de thé ne se ressemblent pas. Certaines sont en pente, d’autres pas, certaines sont denses, d’autres clairsemées. Elles sont parfois boisées mais en même temps les arbres varient d’une région à l’autre.
Ce qui me plaît beaucoup sur cette photo prise à Kuwapani Tea Estate (Népal) réside dans le contraste entre ces rangées de théiers assez strictes dans leur principe mais qui laissent tout de même la place à une certaine fantaisie. Les lignes ondulent pour suivre les irrégularités du terrain. Elles jouissent d’une certaine liberté. Elles se sont adaptées à leur environnement. On sent que la main de l’homme a dessiné un tracé net et que la nature, insoumise, s’en est jouée.
Palmiers servant d’ombrage aux théiers
Ici, dans le sud du Sri Lanka, dans la région des low growns, le soleil tape fort et mieux vaut que les théiers soient protégés de ses rayons au moins plusieurs heures par jour.
Curieusement ce sont là des palmiers qui leur servent d’ombrage ce qui se rencontre assez rarement. Les palmiers étant eux-mêmes cultivés cela permet au fermier qui possède ce joli terrain en bordure de lac de procéder à la récolte de deux produits distincts sur une même surface et pour le bénéfice de chacune des plantes.









