A l’heure où l’on voit fleurir un peu partout notre drapeau français, je retrouve cette joyeuse photo. En mai dernier, alors que leur pays vient d’être secoué par une grave secousse, ces gamins arborent fièrement un « I love Népal » et un grand sourire qui fait plaisir à voir. Ces enfants ont bien raison d’aimer leur beau pays.
Portraits
Alex, pionnier des Grands Crus de thé du Malawi
S’il existe des très bons thés au Malawi c’est grâce à Alex. Il est le seul à en produire. Toutes les plantations de thé de ce pays produisent un thé industriel récolté à la cisaille, mais Alex ne se contente pas de cela. C’est un amoureux du thé. Il est né au Malawi, a grandi dans la plantation de son grand-père, le thé c’est toute sa vie. Alors il cherche, il se documente sur la façon dont sont faits les thés sombres, les thés verts, les thés semi-oxydés, les thés blancs, il déniche certains outils nécessaires à leur fabrication qu’il fait venir de Chine ou bien de Taïwan. Il manufacture ses thés à sa manière, avec son style, son terroir, ses cultivars.
J’ai sélectionné chez lui son Satemwa Dark, son Zomba Green et son Small Holders Black tea – thé produit grâce à son association avec des petits producteurs et en ce moment le meilleur thé noir d’Afrique. Je vous les recommande vivement.
Rencontre au détour d’un chemin
Cette femme a 95 ans. Elle vit dans une ferme complètement isolée, avec son mari. Ils vivent seuls, à flanc de montagne, loin de toute habitation, avec juste quelques poules et un peu de terre à cultiver. Un chemin minuscule mène à leur maison. Il est si étroit que l’on y pose les pieds l’un devant l’autre. Je lui ai rendu visite la semaine dernière, lors d’une marche dans les montagnes, à l’est du Népal. J’étais avec Andrew, planteur de Guranse qui partage avec moi le goût des longues promenades. Elle a préparé un thé pendant que nous discutions avec son mari. Elle nous a amené le thé dans un gobelet en métal et dans une coupelle à part elle a jeté une poignée de céréales. Nous avons versé le thé au lait, assez poivré, sur les céréales et nous les avons mangées. Nous avons bu le thé qui restait. Nous avons bavardé longtemps avec elle et son mari, sur le pas de leur maison, sous une ruche. Elle et lui nous parlaient sans arrêt. Elle comprenait mon médiocre hindi mais ne s’exprimait qu’en népali. Andrew me traduisait. Quand j’arrivais à l’interrompre, je lui posais des questions. Son secret de longévité ? Manger de la nourriture saine, des produits frais que l’on fait pousser soi-même. Et l’amour, n’était-ce pas aussi lui, le secret de leur longévité ? Elle a ri, échangé un regard tendre, drôlement émouvant, avec son mari. Ils se sont mariés quand elle avait 11 ans. Il en avait 15. Ils s’aiment. Cela fait plus de quatre-vingts ans. Au moment de partir ils nous ont pris les mains, ils nous ont aussi bénis en posant les leurs sur nos fronts. Et ils nous ont demandé si, plus tard, lorsqu’ils ne seraient plus là, nous pourrions une fois, juste une fois, avoir une pensée pour eux.
Le thé, c’est aussi une histoire de rencontres et d’émotion
Derrière chaque grand cru, derrière chaque thé, il y a un travail, il y a des gens. Mon travail, tel que je l’entends, ne se limite pas à tenter de dénicher les meilleurs thés du monde, il consiste également à me tenir proche de ceux qui les font. A déguster avec eux. A les écouter parler de leur production. Du coup, lorsque je suis dans un Palais des Thés et que je regarde cet impressionnant mur de boîtes, ce ne sont pas des noms de thés sur des étiquettes que je vois, ce sont des visages, comme celui de Vikas Gajmer, manager de Castleton (Darjeeling).
En Chine, des cadeaux sous le portrait
Lorsque je suis invité chez des fermiers, en Chine, il m’arrive de temps à autres de me retrouver face au Grand Timonier. Je ne sais pas si on lui voue un culte, si on l’idolâtre, en tout cas les offrandes et les loupiotes sont là, sous son portrait qui trône dans la pièce commune. Un Mao divin.
Yaad Bahadur Limbu, « Père du Thé » de Soyam
Dans son village de Soyam, Yaad Bahadur Limbu est surnommé Tea Father, ou le Père du Thé. Il a été le premier à planter des théiers dans le village et aujourd’hui, le thé y représente la première source de revenus. Tout le monde s’y est mis. Pour rejoindre le village de Soyam il faut passer un pont suspendu et grimper ensuite pendant plusieurs heures. On longe des rizières en terrasse, des champs de millet, on traverse des cours de ferme. Lorsque les villageois de Soyam récoltent les feuilles de thé, celles-ci sont transportées à dos de cheval. Pour cela, quatre ou cinq chevaux sont nécessaires. Ils prennent le même chemin que celui qui m’a vu haleter, empruntent le même pont suspendu. Chaque cheval est bâté et peut ainsi supporter cent kilos de charge. Il faut à la caravane cinq heures pour rejoindre la manufacture. Puis il lui faudra être revenue le soir même au village. Une longue expédition.
Andrew Gardner : un passionné qui œuvre pour les thés du Népal
Je rentre tout juste du Népal et j’ai eu l’occasion de passer plusieurs jours avec mon ami Andrew Gardner qui est venu me rejoindre dans la vallée d’Ilam. Il m’avait planifié une marche de quatre heures pour rejoindre un village de petits producteurs. Andrew a travaillé dans plusieurs plantations mais on peut dire que c’est lui qui a été le premier à faire de très beaux thés au Népal. C’est à lui que l’on doit le renouveau du thé dans ce pays. Il a d’abord travaillé à Jun Chiyabari et il exerce maintenant ses talents à Guranse. Un passionné.
Un moment d’échange avec des blogueurs
Si j’aime passer du temps avec les producteurs de thé, j’ai aussi beaucoup de plaisir à échanger avec les clients ou bien, comme cette semaine rue Vieille-du-Temple, avec des blogueuses et blogueurs venus découvrir et savourer les dernières créations maison : les Jardins. Je leur ai parlé du jardin comme source d’inspiration, du bonheur de se promener en différentes saisons dans un jardin que l’on aime, de l’intérêt de déguster chaud, tiède, froid ou glacé ces infusions revisitées. Nous avons parlé des grands crus de thé, aussi, bien sûr, et de gastronomie.
Moment privilégié avec les cueilleuses
La pause-déjeuner constitue un moment privilégié pour s’asseoir avec les cueilleuses et faire connaissance. Cela ne leur arrive pas souvent de voir passer un acheteur, encore moins d’avoir un échange avec lui. Assez vite, la timidité laisse la place à la spontanéité. Ce sont des moments forts que j’apprécie beaucoup.
Le sourire des cueilleuses
Cueilleurs et cueilleuses travaillent dur et pourtant, lorsque je les croise au milieu des théiers, ils me font de grands sourires. Ils m’observent avec une mine réjouie. Ces visages rayonnants contrastent avec ceux que l’on croise si souvent autour de nous. Dans nos villes, la vie n’est pas forcément plus facile ou plus difficile que dans une plantation de thé. Mais on oublie parfois de faire attention aux autres. On se regarde avec dureté. On vit un peu comme des étrangers. Pour un rien, on se plaint. Vivement dans mes montagnes !