Portraits

Faire du thé plutôt que la guerre

15 septembre 2017
Faire du thé plutôt que la guerre

J’ai fait la connaissance de Xuan Dong Wu cet été. Je l’ai rencontré dans l’usine de Ming De qu’il dirige et dans laquelle, ce jour-là, il surveillait le flétrissage de ses feuilles de thé comme le lait sur le feu. Xuan Dong Wu est amoureux de son travail. Pourtant il ne s’est pas toujours occupé de thé. Il a d’abord été militaire, il a fait la guerre sino-vietnamienne, au début des années 80. Puis il est revenu à son village natal et dans son village natal la culture du thé représente l’activité essentielle. Il produit des thés blancs, des pu erh ainsi que des thés noirs considérés comme les meilleurs du Yunnan. Il aime aussi innover et c’est à lui que l’on doit plusieurs de nos maocha, ces thés intermédiaires qui servent de base aux pu erh. Xuan Dong Wu est timide, il ne répond pas grand-chose lorsque je lui demande ce qu’il voudrait que je dise de lui ici. Il me parle de sa vie, toute simple, et qu’il aime. Il dit qu’il aime faire du thé avec son cœur et avec ses efforts, il dit qu’il veut faire de son mieux et produire les meilleurs thés possible. Et il replonge la main dans ses feuilles qui flétrissent pour ne plus les quitter des yeux.

 

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Du thé et du style

1 septembre 2017
Du thé et du style
Certes, préparer du thé consiste tout simplement à mettre en contact des feuilles de thé et de l’eau. Et de leur rencontre naît cette boisson si délicate et parfumée. On peut s’y prendre de façon plus ou moins simple, plus ou moins délicate. En Chine, en à peine 20 ans, préparer le thé selon la méthode du gong fu, c’est-à-dire le préparer avec lenteur, avec maîtrise de soi, est devenu incroyablement populaire. Ce sont souvent de jeunes filles qui officient, toujours élégantes, chacun de leur geste est soigné, on peut admirer la poésie de leurs doigts agiles qui dessinent dans l’air de souples arabesques avant de déposer dans votre minuscule tasse quelques gouttes du précieux nectar.
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Rana BAHADURDIYALI, à l’origine de la coopérative de Teenjure

2 juin 2017
Rana BAHADURDIYALI, à l’origine de la coopérative de Teenjure

J’ai  rencontré Rana BAHADURDIYALI il y a quelques jours dans la vallée d’Ilam, au Népal. Rana est à l’origine de Teenjure, une coopérative fondée il y a 24 ans et réunissant aujourd’hui pas moins de 234 fermiers qui mettent en commun leurs feuilles de thé. Depuis cette année, Teenjure produit des thés très intéressants et très variés. Quand je demande à Rana ce qu’il a envie que j’écrive ici à son propos, il m’évoque les efforts que chacun a fait, le mal que s’est donné la communauté toute entière de Teenjure pour organiser la culture du thé, défricher, planter les théiers, construire le bâtiment et l’équiper. Il y a 24 ans, au commencement de leur projet, il n’y avait ni eau, ni route, ni électricité, il a fallu 2 ans pour construire la factory, rappelle Rana, 82 ans, tout sourire.

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Les experts de demain

7 avril 2017
Les experts de demain

Si l’on veut que demain un personnel compétent propose des thés de qualité dans les hôtels et les restaurants, il faut former ces jeunes qui s’apprêtent à rejoindre la vie active. L’Académie de Reims et Palais des Thés ont travaillé main dans la main et mis au point une certification en « connaissance et service du thé ».  En premier lieu nous avons formé les professeurs de plusieurs lycées hôteliers qui à leur tour ont formé leurs élèves.  La semaine dernière, à Reims, l’heure était aux examens et à l’obtention du certificat. Bravo à tous les élèves qui ont passé l’épreuve et que cela les encourage à continuer à en savoir davantage sur le thé, pour le plus grand plaisir de leurs futurs clients.

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Monsieur Kumada, un fermier amoureux de sa terre

17 février 2017
Monsieur Kumada, un fermier amoureux de sa terre

 

Je vous présente monsieur Kumada. Monsieur Kumada vit entouré de huit chats. Il travaille le thé sur sept hectares, à l’extrême sud du Japon, sur les hauteurs de Kagoshima, loin de tout, loin du moindre village. Il a pris la suite de son père qui était lui aussi fermier. Mais il ne cultive que le thé à la différence de son père qui cultivait également le tabac, faisait de l’élevage de vaches, de cochons et de vers à soie. Quand je lui ai demandé ce qu’il aimerait que je mette en avant sur mon blog, monsieur Kumada m’a aussitôt répondu qu’il était fier de ses pratiques agricoles, fier de cette certification « bio » qu’il a obtenue. Il veut garder l’environnement du mieux qu’il peut, il en est responsable, dit-il.

Monsieur Kumada produit des thés verts, bien sûr, mais également un thé noir que je viens de sélectionner. C’est la première fois que je déguste un thé noir du Japon qui soit aussi bon, une expérience gastronomique intéressante. Et la personnalité attachante de monsieur Kumada n’est pour rien dans mon choix dans la mesure où toutes mes dégustations se font à l’aveugle, mais cela renforce bien sûr le plaisir que j’ai à mettre en avant sa belle production.

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Visiter les écoles fait partie de mon travail

18 novembre 2016
Visiter les écoles fait partie de mon travail

Une plantation de thé, une ferme qui produit du thé, c’est un univers à part entière. Partout où l’on cultive le thé, partout où on le manufacture, il y a à la fois un aspect agricole et un aspect humain. Le thé est à la croisée de ces chemins-là : le végétal et l’humain. Il est donc tout naturel, lorsque je rencontre des producteurs de thé, que je m’intéresse à tous les aspects de la vie de la ferme, à la qualité du thé, bien sûr, la qualité des plants, la qualité des sols et la façon dont on les respecte, la qualité de l’environnement, des forêts, des rivières, la qualité de l’habitat, la qualité des soins que l’on peut trouver si l’on se blesse, la qualité de toutes les préventions nécessaires et donc, bien sûr et avant tout, la qualité de l’éducation. Visiter une école fait partie de mon travail et je prends beaucoup de plaisir à discuter aussi bien avec les élèves qu’avec les professeurs. Pour rien au monde, je ne louperais ce moment, ni ne l’abrégerais.

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Le thé en partage

7 octobre 2016
Le thé en partage

Je rentre tout juste de Darjeeling. Chaque année, j’invite des responsables de boutique à me suivre dans les plantations. Je me souviens des débuts de Palais des Thés. J’ai passé les trois premières années de cette belle aventure en boutique, au comptoir, à accueillir les clients et à les servir. A l’époque, je n’avais encore jamais vu de théiers. Puis, j’ai pris mon baluchon et je suis parti explorer les montagnes de thé en Chine, au Japon, en Inde, puis d’autres pays. Cela m’a transformé et a bouleversé le lien que je pouvais avoir avec le thé. Le thé est devenu pour moi une passion. Ce lien est devenu fort, riche, puissant. Ma vie a changé.

Voilà pourquoi je veux que les responsables de boutique aient la même chance que moi, celle de découvrir le thé in situ, rencontrer les gens du thé, des cueilleuses aux fermiers en passant par ceux qui transforment la feuille. La chance de comprendre le climat, les sols, les cépages, les méthodes de production. Le thé est un monde à part entière, au même titre que le vin. Il suffit de modifier à la marge un paramètre – une différence d’altitude, ou bien d’orientation, une pente moins inclinée, un cultivar hybride, une averse qui se produit au moment de la manufacture, que sais-je – pour que le thé ait un goût autre. Rien ne remplace l’expérience. Ces responsables de boutique repartent le cœur joyeux et les yeux émerveillés. A leur tour de rêver à ces montagnes brumeuses, à ces visages rencontrés, à ces sourires échangés. Et, surtout, de partager leur rêves avec leurs équipes, leurs clients, leur entourage. Le thé, il faut le vivre pour le comprendre.

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Épouser les traditions

16 septembre 2016
Épouser les traditions

Après une journée fatigante à marcher durant plus de six heures pour rejoindre les vieux théiers et revenir ensuite au village, on a besoin de se requinquer. La nourriture, dans cette région du nord-Viêt-Nam est délicieuse. Chez les Daos qui m’hébergent, je me plie à la tradition : pendant tout le repas, je vais trinquer à tour de rôle avec toute personne – et elles sont nombreuses – qui me feront signe en levant leur verre, et je devrais vider mon verre d’un trait puis échanger une poignée de main avec elles. Entre deux lampées de cet alcool de riz local, je prends le temps de déguster chacun des plats délicieux. La préparation du repas a lieu dans la même pièce que celle dans laquelle nous dînons, assis par terre. Sitôt le repas terminé, nous nous couchons sur des nattes, toujours dans cette même pièce, sans cloison autre qu’une moustiquaire qui nous sépare les uns des autres, ni même du dehors, avec tous les bruits de la jungle qui font le sommeil rare. On entend aussi, sur les nattes avoisinantes, une mère qui allaite, quelqu’un qui ronfle un peu fort, un autre qui tousse, entre autres soupirs et chuchotements… lorsque le coq a chanté, mon sommeil m’avait quitté depuis longtemps et je suis sorti pour marcher, pour voir le jour se lever depuis le bord d’une rizière, au-dessus du village. De retour pour le petit déjeuner , je me suis assis et le maître de maison m’a aussitôt rempli, à mon grand étonnement, un verre d’alcool de riz qu’il m’a tendu, il a aussitôt levé le sien vers moi, avec enthousiasme, j’ai décliné, je n’y croyais pas, je rêvais d’un thé, en vain, mon hôte était sérieux, il commençait à s’assombrir devant mes protestations, il l’aurait mal pris si j’avais poursuivi dans cette voie, voyager c’est épouser les traditions de celles et ceux qui nous font la gentillesse de nous recevoir, j’ai vidé mon verre d’un trait. Plus tard, il m’a offert un thé, un thé bien mérité, un thé que j’avais rarement autant désiré.

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Une mosaïque de cultures

2 septembre 2016
Une mosaïque de cultures

Dans les régions où l’on récolte le thé sur des théiers sauvages, que ce soit au sud du Yunnan (Chine), au nord du Laos ou bien comme ici, au Viêt-Nam, les villageois appartiennent essentiellement à des minorités ethniques. Ces minorités sont très diverses. Chaque minorité a ses propres coutumes, parfois sa propre langue. Se promener dans les montagnes de ces régions permet de faire l’expérience de cette mosaïque de cultures. Cette femme, occupée à récolter les feuilles de thé en haut d’un arbre, appartient à la communauté Dao… (à suivre).

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Les Darjeeling se font désirer

8 avril 2016
Les Darjeeling se font désirer

Cultiver du thé n’est pas de tout repos. A Darjeeling, après un hiver trop sec, les pluies ont fini par venir mais, il y a quelques jours, une tempête de grêle d’une rare violence s’est abattue et a occasionné des dégâts considérables dans les plantations situées au nord du district. Par chance, entre les pluies et la grêle quelques très beaux lots ont été manufacturés et je suis heureux de vous annoncer l’arrivée prochaine de thés remarquables en provenance de Risheehat, Puttabong, Singbulli, Thurbo Moonlight, North Tukvar, DelmasBari et Turzum.

A propos de Turzum, voici un portrait que j’ai fait en mars d’Anil JHA, l’un des trois planteurs les plus réputés de Darjeeling. Il se concentre ici sur l’odeur de la feuille humide, à même l’intérieur du couvercle du set à déguster.

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