Entre le moment où les feuilles de thé sont récoltées et le moment où elles atteignent le bâtiment où elles seront travaillées, il ne faut à aucun prix qu’elles fermentent. Cela pourrait gâcher la qualité du thé. On trouve donc, à différents endroits des plantations, un petit abri tout simple conçu pour que les feuilles soient épargnées par la pluie en attendant d’être conduites à la factory.
De la plante à la tasse
Thé de Darjeeling et thés du Népal : deux écoles
Pour des raisons que je ne partage pas, les producteurs de thé de Darjeeling redoutent la concurrence de leurs voisins népalais. Ils estiment que ces derniers les copient et ont la possibilité de vendre moins cher leur production du fait de coûts moins élevés.
Certes, les thés du Népal offrent parfois de très bons rapports qualité-prix, mais ce ne sont pas des copies de Darjeeling. Il existe au Népal des planteurs passionnés qui savent que le Népal doit encore faire ses preuves pour être reconnu dans l’univers du thé et qui, en conséquence, vont chercher à innover. A Darjeeling, on vit davantage sur le confort qu’offre une réputation le plus souvent – mais pas toujours – méritée.
Deux mondes distincts, donc, l’innovation d’un côté, la tradition de l’autre. En cherchant bien et en étant très sélectif, on trouve d’excellents crus très différents des deux côtés de la frontière. Et il serait dommage de se priver des uns comme des autres.
Les Darjeeling se font désirer
Cultiver du thé n’est pas de tout repos. A Darjeeling, après un hiver trop sec, les pluies ont fini par venir mais, il y a quelques jours, une tempête de grêle d’une rare violence s’est abattue et a occasionné des dégâts considérables dans les plantations situées au nord du district. Par chance, entre les pluies et la grêle quelques très beaux lots ont été manufacturés et je suis heureux de vous annoncer l’arrivée prochaine de thés remarquables en provenance de Risheehat, Puttabong, Singbulli, Thurbo Moonlight, North Tukvar, DelmasBari et Turzum.
A propos de Turzum, voici un portrait que j’ai fait en mars d’Anil JHA, l’un des trois planteurs les plus réputés de Darjeeling. Il se concentre ici sur l’odeur de la feuille humide, à même l’intérieur du couvercle du set à déguster.
Un Grand Cru venu du Kenya
Dans ma théière, ce matin, les feuilles de « Mount-Kenya Golden-Leaves » s’épanouissent. Il s’agit du premier grand cru que j’ai trouvé au Kenya et il nous arrive tout juste. Ses notes miellées, boisées, cirées et reglissées me ravissent. Elles réchauffent et célèbrent à leur façon l’hiver qui s’achève. Elles donnent envie de rester encore un peu au chaud, avec des choses douillettes autour de soi. Elles donnent envie de les humer, bol calé entre ses mains.
Un grand cru du Kenya est un événement. 3ème producteur et 1er exportateur de thé au monde, ce pays ne produit quasiment que des thés en poussière, pour l’industrie du sachet. Il faut donc encourager celles et ceux qui se lancent dans le défi de la qualité, récoltent les feuilles à la main et avec précaution, font de l’artisanat là où d’autres font de l’industrie.
Sur cette photo, le centre de recherche de Kangaita qui apporte une aide précieuse aux petits producteurs.
Le micro climat des plantations de Darjeeling
Dans la plantation de Delmas Bari, où j’étais il y a quelques jours, on arrosait certaines parcelles pour palier à la sécheresse. Sur ce versant de Darjeeling qui fait face au Sikkim, il n’a pas plu depuis octobre dernier. Ailleurs, il est tombé un peu d’eau les jours précédents. Cette disparité de climat d’une plantation à une autre pourtant distantes de quelques kilomètres à peine est l’une des spécificités de Darjeeling. Jusqu’au sein d’une même plantation il peut y avoir des différences de climat considérables. Heureusement, comme on peut le voir sur cette photo, les bourgeons – d’un vert-tendre – commencent à pousser. Sur cette parcelle, encore un ou deux jours de patience avant de pouvoir récolter sérieusement.
L’écharpe de bénédiction
En Inde, pour vous souhaiter la bienvenue, il arrive que l’on vous passe une écharpe de soie autour du cou et que l’on vous bénisse aussitôt. A DelmasBari, j’étais tellement désolé de constater l’état de sécheresse de la terre que devant mes hôtes, j’ai pris l’écharpe qui venait de m’être offerte, pour à mon tour bénir. J’ai béni l’un des théiers de la plantation, au nom de tous les autres, et j’ai prié pour que vienne la pluie.
En attendant la pluie à Darjeeling
A Darjeeling où je suis en ce moment, il n’a pas plu une goutte d’eau en janvier comme en février. Du coup, la plupart des plantations n’ont pas encore commencé à récolter. Seules celles qui possèdent des parcelles de basse altitude et qui pratiquent l’irrigation ont manufacturé quelques lots. Mais ici, les premiers thés ne sont jamais les meilleurs. A Darjeeling, lorsque l’on recherche la qualité, il faut savoir ne pas se précipiter.
De la récolte à la manufacture
Aussitôt les feuilles de thé récoltées, elles doivent être amenées sur le lieu de leur manufacture le plus rapidement possible. Il faut à tout prix éviter que les feuilles entassées ne fermentent. Cette fermentation accidentelle affecterait de façon notoire la qualité du thé. Ici, au Kenya, on utilise de très grandes hottes, très aérées, afin que les feuilles cueillies respirent bien.
Une plantation de thé au Kenya
La plantation de Kangaita, au Kenya, est l’une des rares à proposer des thés de qualité, c’est-à-dire en feuilles entières. Le parc national du Mont-Kenya borde le domaine et nombreux sont les oiseaux qui viennent voleter dans les théiers. En revanche, les éléphants ne sont pas les bienvenus, en raison des dégâts qu’ils occasionnent. Ici, au loin, les cimes du Mont Kenya, il culmine à 5.199 mètres.