ARCHIVE DE 2018

Ce qui nous fait du bien ne doit faire de mal ni aux autres ni à la planète

23 mars 2018
Ce qui nous fait du bien ne doit faire de mal ni aux autres ni à la planète

Mon métier ne consiste pas seulement à dénicher des thés assez rares et propres à procurer une émotion gustative, une expérience gastronomique. Mon crédo est le suivant : je veux que ces thés qui nous font tant de bien ne fassent de mal ni à celles et ceux qui les récoltent et les manufacturent, ni à la planète. Une exigence qui n’est pas tous les jours simple à satisfaire. Entre les conditions de travail parfois inacceptables, les résidus de pesticides et l’usage excessif d’engrais qui finissent par détruire la vie dans les rivières, les sujets ne manquent pas. Mais je ne suis pas pessimiste pour autant. D’une part, plus on s’oriente vers des thés de qualité, plus les pratiques sont saines (plusieurs raisons à cela : l’altitude qui est un critère pour la qualité d’un thé offre des nuits plus fraîches et contrarie les différents prédateurs susceptibles de s’attaquer à la plante…) ; d’autre part, pas de thé exceptionnel si on n’est pas des plus attentifs au moindre détail dès la récolte elle-même ainsi qu’à chaque étape de sa manufacture, et cela oblige planteurs et fermiers à s’assurer les meilleurs soins d’un personnel compétent, bien formé et fidélisé. Enfin, j’ai acquis assez d’expérience pour savoir à quoi m’en tenir lorsque je visite une plantation, aussi bien en ce qui concerne les pratiques agricoles que la façon dont on considère les hommes et les femmes qui apportent leur savoir-faire. Je refuse de travailler avec beaucoup de producteurs. Et je savoure d’autant plus le plaisir de mettre en valeur le travail formidable de très nombreux fermiers dont les méthodes culturales sont exemplaires et qui savent conjuguer au quotidien le mot fraternité.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Timides pousses

16 mars 2018
Timides pousses

A Darjeeling, les années se suivent et ne se ressemblent pas. En un peu plus de 30 ans, je n’ai jamais connu quoi que ce soit qui s’apparente à la situation actuelle. Pour mémoire, une grève de 105 jours a empêché tout travail dans les 87 plantations entre juin et octobre. Lorsque les autonomistes ont levé les barrages, l’heure était à Durga Puja, le Noël local. Après des mois d’abandon il a fallu se relever les manches et civiliser à nouveau la jungle. Seulement la main d’œuvre avait en partie fuit le conflit pour trouver du travail dans la vallée. Et voilà où nous en sommes : les théiers ont été rabattus très tardivement – fin décembre, parfois -, ce qui fait que les premières récoltes de Darjeeling de printemps se font attendre. Ce mercredi 14 mars de rares et timides pousses émergent des théiers (photo). Certes, de soi-disant Darjeeling de printemps sont déjà sur le marché depuis plus d’un mois, c’est la magie des Darjeeling de printemps, avant même d’être récoltés ils sont déjà vendus. Explication : certaines plantations de basse altitude bénéficiant d’un climat chaud et équipées d’un système d’irrigation arrivent à produire de petits lots pendant l’hiver. Ils leur attribuent à tort le qualificatif de thés de printemps. Dommage car cela n’a rien à voir en terme gustatif avec cette lente poussée de sève à partir de laquelle on produit un thé unique qui fait la renommée de Darjeeling.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Les variétés sinensis et assamica

9 mars 2018
Les variétés sinensis et assamica
Si vous êtes amateur de thé, vous savez sans doute qu’il existe deux grandes familles de camellia sinensis à partir desquels on peut manufacturer du thé, le camellia sinensis variété sinensis et le camellia sinensis variété assamica. Plutôt que de risquer d’y perdre son latin, voici une illustration très parlante. La grande feuille correspond au genre assamica et la feuille minuscule – d’une richesse aromatique incomparable et d’une rusticité qui permet une adaptation à des climats rigoureux – appartient au genre sinensis. Inutile de vous préciser qu’un producteur qui recherche la quantité au détriment de la qualité ne va pas hésiter longtemps entre les deux variétés.

Je remercie Laurence, responsable de la boutique Palais des Thés sise rue du Commerce, à Paris, d’avoir eu la gentillesse de prendre cette photo tandis que nous visitions ensemble un centre de recherche dans le nord de l’Inde.

(photo : Laurence Jouanno)

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Déguster les thés d’autres fermiers

2 mars 2018
Déguster les thés d’autres fermiers
Mon premier voyage au Malawi a eu lieu il y a à peine plus de trois ans. Personne jusqu’alors n’avait commercialisé en France du thé en provenance de ce pays et je suis heureux d’y avoir trouvé de beaux thés qui ont eu beaucoup de succès auprès des amateurs.  Dans quelques jours, je serai de nouveau à l’extrême sud de ce magnifique pays pour assister à la fabrication d’un thé sombre et d’un thé fumé, entre autres, et pour les déguster en compagnie d’Alex et de son équipe. J’emporte avec moi des thés d’autres pays parce que c’est aussi le sens que je donne à mon travail : inciter les producteurs à la curiosité en leur faisant déguster d’autres thés que les leurs, non pas dans le but qu’ils les copient mais plutôt de les inspirer et de les relier, le temps d’une dégustation, à d’autres fermiers qui possèdent un savoir aussi précieux.
Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Yorozu, à Fukuoka, un moment unique

23 février 2018
Yorozu, à Fukuoka, un moment unique

La ville japonaise de Fukuoka n’est peut-être pas la plus visitée par les touristes occidentaux mais si vous allez là-bas et que vous aimez les expériences gastronomiques inédites, foncez chez Yorozu. Il faut réserver d’avance, il faut parler japonais ou bien être accompagné de quelqu’un qui parle cette langue, c’est impératif, et avoir deux heures devant soi. Ensuite, vous vous laissez faire et Suguru Tokubuchi vous fera déguster des associations de thé et de divers alcools, préparations concoctées devant vous, dans un cadre intimiste qui rend encore plus précieuse chaque gorgée, chaque bouchée choisie pour accompagner l’un ou l’autre des cocktails. Un moment unique.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Au Japon, des agriculteurs biologiques de père en fils

16 février 2018
Au Japon, des agriculteurs biologiques de père en fils

Je vous présente Kitano Shuichi. Il est l’un des fermiers les plus attachants et passionnés par la culture biologique que j’ai rencontrés au Japon. Depuis 30 ans il pratique ce type d’agriculture, initié par son père. Celui-ci, convaincu des bienfaits du thé « bio » sur la santé a souffert sur un plan économique pendant 10 ans, du fait de rendements très bas, mais il a tenu bon. Aujourd’hui il vend très bien son thé car la demande pour le thé bio est devenue plus élevée. Kitano Shuichi et son père fabriquent leur compost eux-mêmes lorsque d’autres fermiers l’achètent à l’extérieur. Mais surtout, et ça n’est pas banal : ils refusent que quoi que ce soit d’animal entre dans la composition de leur compost. Exit la bouse de vache, par exemple. Ils croient en la bio-dynamie et la pratiquent avec succès. Ils sont si fiers de leur compost qu’ils insistent pour vous le faire goûter. En revanche, pour en connaître la recette exacte, vous aurez beau insister, ils ne dévoileront rien sinon, à travers leur sourire, une joyeuse humeur. 

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Nos amis les vers de terre

9 février 2018
Nos amis les vers de terre

Une plantation de thé qui pratique l’agriculture biologique n’utilise aucun pesticide ou fongicide conventionnel. Elle limite la propagation des indésirables à l’aide de prédateurs ou bien de répulsifs naturels. Quant à l’enrichissement des sols, pour compenser les nutriments que les théiers absorbent, surtout dans le cas d’une agriculture intensive, il nécessite un apport important de matières organiques. Le compost biologique peut être acheté à l’extérieur, ou mieux, produit dans la plantation. En ce cas, on peut avoir recourt à la vermiculture, une pratique assez répandue en Inde. On va alors donner à manger à des millions de vers de terre de la bouse de vache mêlée à des feuilles de bananier hachées, par exemple. Les vers vont produire des excréments et ce sont ces excréments qui seront plus tard disposés au pied de chaque théier.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

En Inde, un sud montagneux

2 février 2018
En Inde, un sud montagneux

Quand on pense au sud de l’Inde, on pense à des temples hauts en couleur, à d’anciens comptoirs actifs dans le commerce des épices, à des plages frangées de palmiers, à ces dédales de canaux sur lesquels glissent les sampans, à des jardins luxuriants… Le sud de l’Inde est moins connu pour ses massifs montagneux. Pourtant ce que l’on nomme les « ghats », c’est-à-dire littéralement les marches, culminent à plus de 2.000 mètres d’altitude. Une altitude et un climat qui plaisent aux théiers.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Grâce à vous

26 janvier 2018
Grâce à vous

Je visite beaucoup d’endroits qui donnent envie de ne plus en repartir, je me trouve face à des paysages de rêve, une nature magnifique, je rencontre des gens d’une grande gentillesse, mais je reviens toujours, je reviens avec de délicieux thés, souvent, c’est mon métier, et puis avec ces photos que je peux partager avec vous, que je veux partager avec vous et qui sont aussi une manière pour moi de prolonger le voyage, des jours, des semaines plus tard. Ces photos, je vous les montre ici, je vous les explique en quelques lignes et cet exercice me transporte. Grâce à vous je suis revenu, je suis face à ces montagnes qui m’ont vu passer un peu trop vite et j’ai tout loisir de les contempler, ici, en votre compagnie.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Une terre bien tenue

19 janvier 2018
Une terre bien tenue

Les pratiques agricoles évoluent avec le temps. Si autrefois on plantait parfois les théiers dans le sens de la pente ce qui se traduisait par des lignes verticales visibles sur la partie gauche de cette photo, aujourd’hui on va installer les jeunes plants suivant une ligne horizontale, ceci afin de limiter l’érosion des sols. Lors de fortes pluies, les eaux vont ruisseler plus lentement et les théiers vont mieux tenir la terre.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.