A l’heure où tout le monde parle de piqûre, je voudrais vous donner le point de vue du théier. Dans certaines parties du monde, à Taiwan et à Darjeeling, notamment, un insecte qui se nomme le paoli (Jacobiasca formosana) vient piquer la feuille du camellia sinensis. La réaction à cette piqûre ne se fait pas attendre et développe, en tasse, une puissance aromatique rare et très recherchée. On retrouve ce bouquet olfactif dans un Oriental Beauty, par exemple, ou bien un Darjeeling Muscatel. Les fermiers de ces régions protègent du mieux qu’ils peuvent l’insecte afin de s’assurer que la piqûre aura bien lieu.
De belles traversées
Sur les routes du thé, les ponts de singe sont fréquents. Ils évitent des heures de marche et la traversée à gué de rivières. Ils sont assez solides pour qu’un cheval passe, parfois, conduit par la bride et bâté pour le transport des feuilles de thé. Un pont, c’est un passage et au moment de changer d’année, ce pont de singe me rappelle la fragilité du moment que nous vivons. En 2021, je vous souhaite de belles traversées.
Un horizon bouché
En ce début d’année, difficile d’avoir moins de visibilité quant aux douze mois à venir. Si quelque devin nous avait prédit il y a un an que le monde allait s’arrêter et qu’il nous faudrait bientôt sortir masqués, nous aurions bien ri. L’absence de visibilité, c’est tout ce qu’aime le théier, lui qui se plaît tant dans la brume et apprécie plus que tout l’humidité. Un horizon bouché n’est donc pas pour le contrarier. Nous le retrouverons en pleine santé l’an prochain. A défaut de belles fêtes, une pleine santé, c’est tout ce que je vous souhaite !
Des papayes et du thé
Toutes les initiatives existent et lorsqu’on a la chance de pratiquer le métier de chercheur de thé, on est aux premières loges pour faire connaissance avec les initiatives les plus variées. Ici, dans une plantation de café de Tanzanie, qui s’essaye aussi à la culture du thé, les expérimentations ne manquent pas. La dernière en date, évider des papayes pour les fourrer d’un thé semi-oxydé que l’on a préalablement flétri et roulé.. Après une courte oxydation, on cale la feuille humide dans le creux du fruit mûr pour qu’elle s’imprègne de leur délicieux parfum.
Accompagner son thé
Il existe beaucoup de manières d’accompagner son thé. Dans certains pays, on va ajouter dans la théière, ou bien dans la tasse directement, de la menthe, des épices, du lait, du sucre… Les coutumes sont innombrables. Dans d’autres pays, on va préférer déguster, à côté de son thé, des oeufs de caille marbrés, des graines, une gousse de cardamome que l’on garde dans la bouche le temps du thé, comme en Afghanistan, et qui le parfume ainsi délicatement. Ici, dans la vallée d’Ilam, au Népal, ces framboises dorées de l’Himalaya apportent une touche gourmande au délicieux thé vert manufacturé sur les collines environnantes.
Un thé, un voyage
Sidonie et moi nous sommes rencontrés à l’invitation de Sidonie, au micro de RTL. C’était il y a plusieurs années. Nous avons eu plaisir à rester en contact et à l’occasion d’un échange, c’est-à-dire d’une dégustation de thé, nous nous sommes dits pourquoi pas ? Pourquoi ne pas unir nos passions et emmener les auditeurs, ici les amateurs de thé, en voyage au pays de leur thé préféré ? Ce projet a donné naissance à une émission de podcast – de balados diraient nos amis québécois.
Rejoignez-nous ici https://www.palaisdesthes.com/fr/podcast/, et sur les autres plateformes d’écoute habituelles, ces voyages sont pour vous.
Autour du lac de Maskeliya
Que diriez-vous d’une promenade avec moi autour du lac de Maskeliya, au Sri Lanka ? Nous sommes ici à mi-chemin entre les “high grown” et les “low grown”. Entre les thés de montagne de la région de Nuwara Eliya et les thés souvent remarquables produits dans la jungle qui entoure la forêt de Sinharaja plus au sud. Cette vue est celle qui s’offre à nous lorsque l’on se tient devant le bungalow de Moray Tea estate. Le lac de Maskeliya, artificiel, est entouré de théiers et ce qui est particulier à cette région c’est la flore magnifique – cassia, poinsettia flamboyants, entre autres -, qui réchauffent de jaune ou bien de rouge le vert éternel de nos camelias.
Assurance tout risque
Si les divinités indiennes pouvaient nous être d’un quelconque secours dans cette lutte contre la Covid19, je les implorerais sans hésiter et à titre d’offrande je déposerais à leur pied leur poids en thé. En Inde, pays où les dieux sont légions, la religion est partout et jusque sur le camion que le routier peint aux couleurs de celui sous la protection duquel il se place. Une assurance transport bien utile dans un pays où les règles de circulation, si elles existent, ne sont pas toujours partagées.
Le monde par la fenêtre
En période de Covid19, le chercheur de thé regarde le monde depuis sa fenêtre. Privé de voyage, il se console en dégustant les thés qu’il continue de recevoir des différentes plantations, et qu’il sélectionne, parfois.
En période de Covid19, le chercheur de thé rêve à de prochains voyages, à de prochaines rencontres, à de prochaines découvertes. Il partage ainsi son temps entre ces deux occupations, goûter et rêver.
Une balade en forêt
En cette période de confinement, on se laisse un peu aller parfois quant à son hygiène de vie, on pratique moins de sport, bref, on prend du poids. N’est-ce pas le bon moment pour se mettre au thé ? Parmi les mille vertus dont la pharmacopée chinoise pare notre fameux Camellia sinensis, celle de brûler les graisses. Cette qualité remarquable vaudrait notamment pour les thés sombres que l’on nomme pu erh, des thés aux notes puissantes de sous-bois et d’humus. À défaut de balade en forêt vous en aurez, dans votre tasse, en plus de ces présupposés bénéfices, tous les parfums.