Au Japon, le thé se récolte 3 à 4 fois par an

10 février 2017
Au Japon, le thé se récolte 3 à 4 fois par an

Au Japon, du fait d’une main d’œuvre onéreuse, les récoltes sont le plus souvent mécaniques. De ce fait, au lieu de récolter le thé toutes les semaines, comme cela se pratique dans certaines régions du monde, on va récolter trois fois par an seulement : au printemps, en été et en automne. Sur l’île de Kyushu, en raison d’un climat plus chaud que dans les îles plus au nord, on récolte le thé jusqu’à quatre fois par an. Les récoltes ont lieu en avril, juin, août et octobre. La récolte la plus prisée reste la première que l’on nomme ici comme ailleurs au Japon, ichibancha.

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Sakurajima

3 février 2017
Sakurajima

 

Je quitte demain le Japon, je quitte cette île de Kyushu que j’aime, cette ville de Kagoshima, cette région de volcans qui comptent parmi les plus actifs de l’archipel, je quitte ces beaux champs de thé isolés dans les montagnes et dont je vous montrerai des photos bientôt mais aujourd’hui je voudrais partager avec vous ma photo préférée, la vue du volcan qui se nomme Sakurajima, cliché pris depuis le jardin de Senga-en, au nord de Kagoshima. Cette baie est l’une des plus belles du monde et le thé pousse aussi bien à l’intérieur des terres que sur certaines îles au large. Du thé vert, bien sûr, mais aussi des thés noirs pas forcément toujours exceptionnels mais qui commencent à se vendre jusqu’à Tokyo.

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Une plantation volcanique

27 janvier 2017
Une plantation volcanique

A l’extrême sud du Japon, la proximité des champs de thé et des volcans en activité rend nécessaire un traitement particulier des feuilles de thé. En effet, les volcans crachent plusieurs fois par an des cendres qui se déposent aux alentour et l’on va donc commencer une fois le thé récolté par rincer les feuilles de thé avant de passer à la première étape de leur fabrication, l’étuvage. Ce rinçage se fait à l’eau froide durant 30 minutes et pas davantage pour perdre le moins possible de composants aromatiques.

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Eloge de l’ombre

20 janvier 2017
Eloge de l’ombre

Si vous voulez faire connaissance avec le Japon, je vous conseille, outre l’Empire des Signes, de Roland Barthes, l’Eloge de l’ombre de Junichiro Tanizaki. Je l’ai emporté avec moi pour le relire, ici, au Japon. Il y traite du rapport que l’on entretient avec la lumière en Orient et en Occident, lumière diffuse contre lumière directe, du goût pour ce qui brille, d’un côté, de la préférence pour le mate, de l’autre. En Occident, nous recherchons l’éclairage absolu, ailleurs, comme au Japon, la pénombre. Tanizaki parle aussi de la laque, de l’obscur, de la cuisine japonaise qui s’accorde avec l’ombre. Il dit, à propos de cette cuisine -des mets aussi bien que des plats dans lesquels elle est servie -, « …dans le choc de la lumière brutale, ses vertus esthétiques voleraient en éclat ». Il dit aussi, quelque chose que j’aime beaucoup, « Nous autres Orientaux, nous créons de la beauté en faisant naître des ombres dans des endroits par eux-mêmes insignifiants ».

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Le goût du détour

13 janvier 2017
Le goût du détour

Beaucoup imaginent que je visite les plantations de thé uniquement au moment des récoltes. Il n’en est rien. J’aime aller à la rencontre d’un planteur ou d’un fermier lorsqu’il a du temps à me consacrer et n’a rien à me vendre. Lorsqu’il n’est pas préoccupé à chaque instant par la qualité du thé qu’il est en train de produire. Au Japon, si je visite des champs de thé la première quinzaine du mois de mai, époque durant laquelle sont manufacturés les plus beaux thés du pays, le fermier n’aura que très peu de disponibilité. Il va s’occuper de moi, bien sûr, mais il sera sous tension car depuis tôt le matin jusqu’à la tombée de la nuit il passera de son champ à l’usine, à défaut de pouvoir être dans les deux en même temps. En revanche, en ce début janvier, ici, au Japon, les fermiers ont du temps. On va pouvoir s’asseoir ensemble et déguster de nombreux thés, se promener à loisir entre les rangées de théiers, observer chaque outil, chaque machine, comprendre les difficultés du cultivateur, lui poser mille questions puis aller déjeuner ensemble dans une auberge traditionnelle et faire l’éloge des spécialités locales, par l’ouverture de la pièce sur un étang miniature, admirer la beauté des carpes, parler de tout et de rien, c’est ainsi qu’on apprend. Et j’ai appris énormément de choses sur le thé, sur sa culture, en agissant de la sorte, c’est-à-dire en prenant mon temps. Bien davantage qu’en venant simplement en pleine saison et en me dépêchant de goûter et d’acheter le thé dont j’avais besoin. Dans la vie, et encore plus au Japon qu’ailleurs, rien ne vaut les détours. Rien ne vaut le fait de prendre son temps. Ne pas avoir peur de le perdre. Il n’y a rien à perdre à aller lentement. J’agis ainsi dans chaque pays de thé. Je viens parfois en pleine récolte mais je sais être aussi là pour écouter, pour apprendre. Ne surtout pas croire qu’en dehors des récoltes il ne se passe rien. Et puis, la lenteur, il faudrait faire son éloge, c’est important la lenteur, surtout en Asie. Ici, fuir la précipitation, l’efficacité, le rendement. Vivre avec bonheur l’expérience du détour.

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Des ponts qui relient les hommes

6 janvier 2017
Des ponts qui relient les hommes

Pour vous exprimer mes vœux de belle année, je choisis la photo d’un pont. J’aime les ponts. J’aime les passerelles, j’aime tout ce qui enjambe les obstacles, tout ce qui relie les hommes à d’autres hommes.  Il y a des gens qui édifient des murs, il y en d’autres qui bâtissent des ponts. Il y a des gens qui s’enferment, qui se clôturent, qui se rêvent ceints de murs, il y en a d’autres qui jettent des cordes, des échelles, des câbles dans le vide, qui font fi des précipices, qui font fi des obstacles, qui font fi des difficultés de toutes sortes, qui défient. Il y a des gens qui ont peur, il y a des gens qui font confiance. Je vous souhaite une année toute en passerelles, en défis, en audace, je vous souhaite de suivre le chemin du cœur.

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Un métier riche en émotions

30 décembre 2016
Un métier riche en émotions

Bien sûr, j’éprouve des émotions. Je ne rentre jamais intact de mes voyages. Oui, mon métier au sens strict consiste à visiter des champs de thé, à parler avec des producteurs, à participer à des dégustations, à comprendre comment on fait le thé. Mais, dans la pratique, mon métier ne s’arrête pas là.  Dans la pratique, il ne s’agit pas simplement de feuilles de thé, d’arbustes, de machines, de saveurs. Avant tout, le thé, ce sont des gens. Ce sont des hommes et des femmes. Ce sont des sourires, des étonnements, des joies, des peines, des rires, des peurs, des curiosités, des inquiétudes, des amusements, des désirs, des défis, des souffrances, des fiertés, des surprises, des espoirs, des rêves… Les hommes et les femmes que je rencontre, là-haut, dans la montagne, me livrent tout cela. Alors, le moindre paysage que je revois, m’émeut. Je repense au moment. Je me souviens des gens. Je me souviens de ce que j’ai compris de la vie en ces lieux. Je me souviens de mes émotions. Je voyage sans cuirasse. Un voyage est comme un naufrage et ceux dont le bateau n’a pas coulé ne connaîtront jamais la mer, écrit Nicolas Bouvier, un auteur que j’affectionne. Alors il m’arrive de couler. De ne pas revenir comme j’étais parti, de n’être plus tout à fait le même au retour. Ou de ne plus vouloir revenir. De me perdre. La vie des gens me touche. Les émotions des autres me touchent. J’ai cette chance incroyable de rencontrer des gens différents de moi, différents à tout point de vue, d’un point de vue culturel, religieux, linguistique, ethnique. Différents, mais semblables en ce que nous sommes humains. Et, souvent, lorsque je redescends d’une montagne après y avoir passé plusieurs jours, j’ai besoin de me poser. De faire une halte avant de rejoindre la vallée, j’ai besoin de m’asseoir au bord de la route, au bord d’un champ, d’une rizière, avant de retrouver la ville, avant d’oublier, oublier pourquoi je quitte cet endroit que j’aimais déjà. Lorsque je redescends de mes montagnes, j’ai besoin de faire une pause, besoin de souffler, besoin que ça n’aille pas trop vite, besoin de rêver, besoin de pleurer, parfois, besoin d’avoir la conscience de ce que je quitte, de ne pas me presser, besoin simplement de respirer, d’emplir une dernière fois mes poumons d’air bleu, de vivre.

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Une association heureuse

23 décembre 2016
Une association heureuse

L’association des thés et des mets est une affaire sérieuse. Par association thés et mets, il faut entendre le fait d’associer un thé avec un met, et que cela constitue une association heureuse pour les deux protagonistes. Et c’est là que se situe la difficulté. Si j’associe, par exemple, un Genmaicha avec un financier aux noisettes, cela n’a d’intérêt que si les notes végétales et grillées du thé mettent en valeur le financier, et qu’après avoir avalé une bouchée du même financier, ce thé vert du Japon apparaît sous un jour à la fois nouveau et avantageux. Il y a quelques semaines, j’ai passé six heures d’affilées en compagnie du chef Michel Lentz, au Cristal Room Baccarat, à Moscou, à déguster, en sa compagnie une profusion de bouchées, tartelettes, crèmes, madeleines, financiers, meringues, glaces et sorbets de son cru, accompagnés d’autant de thés, afin de trouver ensemble autant d’associations heureuses. Mention spéciale à la crème au caramel de l’enfance qui se déguste avec un Dan Cong pour la partie supérieure tandis que la liqueur au fond de la verrine constitue le plus réussi des mariages accordée à un Jin Zhen, aux notes chaudes de fruits compotés, de cire et de miel.

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Kuwapani : un passé peu banal

16 décembre 2016
Kuwapani : un passé peu banal

Certaines plantations de thé ont une origine peu banale, la plantation de Kuwapani (Népal), par exemple. A quelques années d’ici se trouvait à Kuwapani un élevage vétuste de lapins angoras qui vivotait, je veux parler de l’élevage, mais les lapins sans doute aussi, les malheureux, aimés pour leur fourrure et leur fourrure seulement. Le propriétaire de l’élevage a vu naître sur la colline d’en face une plantation de thé puis une autre, il a vu le travail de la récolte et de la transformation des feuilles, il a pris goût à ce que faisaient ses voisins qui avaient pour nom Jun Chiyabari et Guranse, il a été témoin de leur succès grandissant. Et, un beau jour, il a décidé de transformer son activité voire d’en changer radicalement. Il a ouvert les clapiers, équipé son bâtiment principal des machines nécessaires à la transformation des feuilles de thé (rouleuses, sécheuses…), planté ses terrains environnants de théiers, recruté un homme de l’art, expérimenté et, quelques années plus tard, la plantation de Kuwapani se faisait un joli nom dans le monde du thé. J’ai appris cette histoire en dormant à Kuwapani et en interrogeant le maître des lieux à propos d’un objet qui m’intriguait. Sur la cheminée du salon trône un magnifique lapin en porcelaine.

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Diversifier ses cultures

9 décembre 2016
Diversifier ses cultures

Cette photo peut vous sembler curieuse et ce, à juste titre : il ne s’agit pas ici de feuilles de thé, mais de menthe. Cependant, cette photo illustre parfaitement un aspect de mon travail. En effet, de nombreux petits producteurs de par le monde font pousser du thé, procèdent à la récolte et vendent ensuite les feuilles fraîches à une coopérative, à un fermier plus important qu’eux-mêmes, ou encore à une société qui va transformer la feuille de thé. Ces petits producteurs peuvent avoir parfois un pouvoir économique fort, quand la demande en feuilles de thé est supérieure à l’offre. Mais, le plus souvent, ils sont dépendants de leur acheteur. Il est donc toujours préférable qu’un petit producteur tire ses revenus en partie du thé, mais en partie seulement, et qu’à côté du thé il développe des cultures de complément : pomme de terre, gingembre, fruits ou autre. Ainsi, il se met à l’abri de toute variation du prix du thé et s’assure une meilleure tranquillité.

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