Lorsque l’on déguste un nombre important de thé et que ceux-ci sont particulièrement tanniques et astringents, se pose la question d’avaler ou de ne pas avaler. Afin de préserver son palais, le dégustateur, une fois l’avoir fait tourner en bouche et analysée, va parfois préférer cracher la liqueur. Ainsi peut-il aborder la suivante avec une parfaite neutralité.
Dégustation
Vive le vrac !
Lorsque l’on est sensible à la bonne santé de notre planète et que l’on se soucie de diminuer sa consommation d’emballages, on peut s’interroger au moment de se préparer un thé quant à l’intérêt d’utiliser une mousseline plutôt que du vrac. Certes, en avion, à l’hôtel, on est heureux de pouvoir compter sur son propre thé afin de remédier aux déconvenues éventuelles, et on s’imagine difficilement se promener dans ces lieux avec ses propres boîtes de thé. Mais à la maison ou au bureau, quoi de plus facile que de disposer d’une théière, d’un mug avec un infuseur ou encore d’une tisanière ? Le sachet-mousseline est pratique, certes. Mais n’oublions pas que le dosage du thé est facile, une pincée à trois doigts suffit pour une tasse de 10cl. Ensuite, on verse l’eau chaude. Un geste très simple. Et un, deux voire trois emballages de moins.
Des thés à déguster au coin du feu
Avec les températures en baisse, on n’a pas envie des mêmes thés qu’à la belle saison. L’heure est aux liqueurs plus rondes, plus amples. L’heure est aux notes chaudes, au notes de bois, d’épices et de fruits compotés. Voici une suggestion de thés à déguster devant la cheminée. Pour ses notes cacaotées, je vous conseille un Jukro de Corée du Sud ; pour ses notes de cuir, un Qimen Hong Cha Mao Feng de Chine ; pour ses notes miellées, un Dianhong Jin Ya ; pour ses notes de fruits compotés, un Dongyan Shan Tie Guan Yin de Taiwan ; pour ses notes torréfiées, un Shiraore Kuki Hojicha du Japon ; pour ses notes fumées, un Spirit of Smoke du Malawi.
Une bonne température d’infusion
En voyage, il arrive que l’on doive faire bouillir l’eau afin de la purifier. Pour le thé, ça n’est bien sûr pas idéal. D’autant que certains thés infusent à une température de 50 , 70 ou 80 degrés. Voici une méthode simple pour arriver tout de même à la bonne température d’infusion (celle qui figure sur les paquets de tout marchand de thé sérieux). Lorsque votre eau bout, verser dans un premier récipient. L’eau va alors perdre 9 degrés. Puis dans un nouveau récipient. Elle va encore perdre 9 degrés. Et ainsi de suite.
Avec Frédéric Bau, pâtissier-chocolatier, créateur de l’Ecole Valrhona
Déguster du thé avec des dégustateurs qui servent une autre matière première que le thé m’intéresse beaucoup. Entre un dégustateur de thé, un dégustateur de chocolat, d’huile d’olive, de vin ou de tout autre produit gastronomique, les techniques de dégustation sont les mêmes. Mais les expériences diffèrent dans la mesure où chaque aliment à son propre champ d’arômes, de textures, de saveurs. Nous sommes comme des musiciens qui jouent des partitions différentes mais ont en commun l’amour de la musique.
Frédéric Bau m’a fait le plaisir de me rendre visite. Il est l’un des plus grands pâtissiers, Fondateur de l’Ecole Valrhona et Directeur de la Création de la même maison. Nous avons dégusté huit Grands Crus, infusés à température ambiante.
Une occasion de partager nos sensations et de parler de ce qui nous passionne.
Tous les thés que je préfère
On me demande souvent quel est mon thé préféré et cette question me fait toujours frémir. Je m’interroge à chaque fois pour savoir quoi répondre. Autant, quelqu’un qui ne connait pas grand-chose au thé pourra vous dire qu’il est fan d’une famille de thé bien précise et à la même question un autre amateur répondra par une autre famille. Mais lorsque vous avez cette chance incroyable, exceptionnelle, de pouvoir déguster à longueur d’année les meilleurs thés du monde tel un meilleur sommelier avec le vin, pourquoi être réducteur ?
Lorsque vous dégustez à l’infini chacun des thés de chaque famille, vous apprenez à vivre avec eux, vous les connaissez sous tous les angles, vous découvrez leurs spécificités, leur point d’équilibre, leur harmonie, vous êtes le mieux placé pour les aimer et ce, qu’il s’agisse d’un oolong de Taiwan à faible oxydation, d’un Darjeeling de printemps, d’un Oriental Beauty, d’un Ichibancha japonais, d’un thé vert de Chine primeur, d’un Népal roulé à la main, d’un noir de Chine façon Qimen ou bien Yunnan, d’un thé des Roches ou d’un thé du Phénix, d’un thé sombre de Chine, d’Afrique ou bien d’ailleurs, d’un Mao cha récolté sur des arbres centenaires, d’un Gao shan cha, pour n’en citer que quelques-uns. Vous êtes le mieux placé pour les apprécier et le moins bien placé pour n’en préférer qu’un.
Alors, si vous me croisez, soyez gentil, ne me demandez pas mon thé préféré, mais demandez-moi ce qui m’émeut dans tel ou tel thé, demandez-moi quelles émotions je ressens. Parlez-moi de richesse sensorielle et affective, et non de pauvreté.
Les parfums du thé
L’odorat est sans doute le sens le plus riche lorsque l’on s’intéresse à la dégustation. Les aliments ont une odeur ou plutôt une multitude d’odeurs que l’on va percevoir en dégustant, surtout si l’on pratique la rétro-olfaction c’est-à-dire si l’on expire l’air par le nez tout en conservant l’aliment en bouche. Dans le cas du thé, les parfums (on peut dire aussi les arômes) sont multiples. Comme nous le faisons depuis l’enfance avec les couleurs (rouge, bleu, jaune, etc), nous pouvons classer les parfums par famille : végétale, fruitée, florale, marine, épicée, boisée, sous-bois, beurrée-lacté, minérale, pyrogénée, animale,…
Ainsi, la prochaine fois que vous dégustez un thé, demandez-vous s’il est à dominante florale fruitée, animale, marine, etc. Joyeuses dégustations !
Les textures du thé
L’un de nos sens s’appelle le toucher. Le toucher a à voir avec la dégustation du thé. Dans la bouche, nous percevons la température du liquide et nous percevons également sa texture. Cela est possible grâce au toucher. Un thé peut donner une impression de gras ou bien de sécheresse. Certains thés verts japonais, certains oolong de Taiwan, par exemple, donnent l’impression que le liquide que l’on a en bouche a une texture presque crémeuse. A l’opposé, de nombreux thés font naître une sensation de sécheresse que l’on appelle l’astringence. L’astringence donne notamment de la longueur en bouche. Il n’existe pas de texture idéale. Tout est une question d’équilibre entre les arômes d’un thé, sa saveur, sa texture.
Les saveurs du thé
Lorsque l’on déguste un aliment, on s’intéresse à son aspect, à sa couleur, bien sûr, mais une fois qu’on a porté l’aliment à sa bouche, on analyse sa saveur (son goût), sa texture, ses arômes.
Il existe cinq saveurs : sucré, salé, acide amère et une cinquième moins connue qui se nomme umami. La saveur salée n’existe pas à l’état naturel dans le thé. toutes les autres saveurs existent. Un même thé peut posséder plusieurs saveurs. De même qu’une orange est à la fois acide et sucrée, un pu erh, par exemple, peut-être à la fois sucré et umami.
Déguster en extérieur
La visite d’une plantation de thé s’accompagne toujours d’une dégustation. Celle-ci a lieu dans la pièce qui lui est réservée, face à la lumière du dehors. Cependant, il peut arriver que la dégustation ait lieu en extérieur. C’est le cas lorsque la factory est trop petite ou ne dispose pas de l’équipement adéquat. Avec un peu de chance, on pourra alors jouir d’un paysage magnifique en même temps que l’on fera rouler dans sa bouche la liqueur. Ici, à Pathivara (Népal), une belle table en pierre sert de support.