Beaucoup imaginent que je visite les plantations de thé uniquement au moment des récoltes. Il n’en est rien. J’aime aller à la rencontre d’un planteur ou d’un fermier lorsqu’il a du temps à me consacrer et n’a rien à me vendre. Lorsqu’il n’est pas préoccupé à chaque instant par la qualité du thé qu’il est en train de produire. Au Japon, si je visite des champs de thé la première quinzaine du mois de mai, époque durant laquelle sont manufacturés les plus beaux thés du pays, le fermier n’aura que très peu de disponibilité. Il va s’occuper de moi, bien sûr, mais il sera sous tension car depuis tôt le matin jusqu’à la tombée de la nuit il passera de son champ à l’usine, à défaut de pouvoir être dans les deux en même temps. En revanche, en ce début janvier, ici, au Japon, les fermiers ont du temps. On va pouvoir s’asseoir ensemble et déguster de nombreux thés, se promener à loisir entre les rangées de théiers, observer chaque outil, chaque machine, comprendre les difficultés du cultivateur, lui poser mille questions puis aller déjeuner ensemble dans une auberge traditionnelle et faire l’éloge des spécialités locales, par l’ouverture de la pièce sur un étang miniature, admirer la beauté des carpes, parler de tout et de rien, c’est ainsi qu’on apprend. Et j’ai appris énormément de choses sur le thé, sur sa culture, en agissant de la sorte, c’est-à-dire en prenant mon temps. Bien davantage qu’en venant simplement en pleine saison et en me dépêchant de goûter et d’acheter le thé dont j’avais besoin. Dans la vie, et encore plus au Japon qu’ailleurs, rien ne vaut les détours. Rien ne vaut le fait de prendre son temps. Ne pas avoir peur de le perdre. Il n’y a rien à perdre à aller lentement. J’agis ainsi dans chaque pays de thé. Je viens parfois en pleine récolte mais je sais être aussi là pour écouter, pour apprendre. Ne surtout pas croire qu’en dehors des récoltes il ne se passe rien. Et puis, la lenteur, il faudrait faire son éloge, c’est important la lenteur, surtout en Asie. Ici, fuir la précipitation, l’efficacité, le rendement. Vivre avec bonheur l’expérience du détour.
Japon
Un pont comme un passage
Pour célébrer le passage de 2015 à 2016, je choisis cette photo prise au Japon, aux environs de Shizuoka. J’aime les ponts suspendus, ces passages au-dessus du vide qui s’empruntent parfois avec une pointe d’appréhension vite dissipée. Je vous souhaite une année heureuse, paisible. Je vous souhaite de suivre une belle route. Je vous souhaite de vivre en harmonie, harmonie avec vous-mêmes, harmonie avec les autres. Je nous souhaite de vivre épanouis au milieu de celles et ceux dont nous aurons peut-être eu la chance de pouvoir contribuer à l’épanouissement.
Superbes thés primeurs 2015
Avis aux amateurs de Grands Crus ! Vous avez maintenant à votre disposition la plus belle sélection de thé au monde. En effet, cette époque de l’année est la meilleure pour découvrir les plus beaux thés qui existent, d’une extrême fraîcheur, tout juste arrivés par avion. Darjeeling de printemps et d’été, primeurs de Chine, Ichibancha du Japon récoltés en mai. Népal, Taiwan et Corée du Sud sont aussi de la fête.
Au début de l’été, pour l’amateur de thé, c’est tout simplement le bonheur !
Ombres japonaises
A toute personne qui s’intéresse au Japon, je conseille la lecture de L’éloge de l’ombre, de Junichiro Tanizaki. L’auteur nous invite à ne pas regarder le Japon sous un œil occidental, il nous invite à relativiser ce que nous appelons le progrès technique. Il nous apprend, avec beaucoup de poésie, à observer l’intérieur d’une maison. Il nous parle des rais de soleil que les Occidentaux aiment tant voir entrer chez eux, tandis qu’au Japon, on filtre la lumière : elle se répand ainsi de façon diffuse, au lieu de tout écraser de sa puissance. Elle dessine des ombres et donne de l’intimité et du mystère aux choses et aux gens.
Un matin à Kyoto
Il existe plusieurs façons de commencer une journée. On peut, aussitôt levé, s’atteler au travail et se réfugier dans l’action. On peut aussi prendre le temps de regarder la nature, de contempler un coin de notre belle planète. D’en admirer la beauté : les couleurs d’un lever de soleil, le chant d’un oiseau, l’odeur de la terre humide. Ce matin, à Kyoto, j’ai fait quelques pas sur le balcon, je me suis assis sur le petit pont qui le prolongeait et me suis longtemps réjoui de la présence de ces belles carpes.
Envoûtante valse des récoltes de Printemps
Ma sélection de Darjeeling de Printemps achevée, la saison des Népal bat son plein, puis c’est au tour des Primeurs de Chine de s’annoncer avant que n’arrivent les premiers Ichibancha japonais. Entre le 1er mars et le 10 mai de chaque année, je peux déguster plus de cent thés par jour, sans compter ceux que je fais infuser plusieurs fois, lorsque j’hésite entre plusieurs lots. Le pic de cette plaisante activité, que j’attends toujours avec tant d’impatience, se situe autour de la fin avril. A cette période de l’année, tant d’échantillons s’amoncellent chaque matin au gré des plis express venus tout droit du Népal, d’Inde, de Chine ou bien du Japon, qu’il m’arrive parfois de ne plus savoir à quel Saint me vouer.
Le bonheur de recevoir
Au Japon, lorsque vous recevez un cadeau, vous ne l’ouvrez pas. Vous n’en ressentez pas le besoin. Successivement, vous admirez l’emballage puis remerciez la personne qui vous a fait ce présent. Vous êtes touché par son attention. Vous êtes comblé. A aucun moment vous ne l’ouvrez.
Et si, cette année, nous aussi nous nous satisfaisions du bonheur de recevoir un cadeau, sans se soucier de son contenu ? Et si nous prenions le temps de vivre ce moment merveilleux où quelqu’un nous offre quelque chose, ou quelqu’un se manifeste par une attention pour nous ?
Je vous souhaite de joyeuses fêtes !
D’étranges silhouettes dans les champs de thé japonais
Parce que les théiers craignent le gel, d’étranges silhouettes peuplent les champs de thé japonais. A leur extrémité et lorsqu’il tourne ses pales, un ventilateur empêche l’air glacé de stagner au-dessus des arbustes.
Dégustation de matcha pâtissiers
Chaque jour j’ai le plaisir de déguster des thés très différents les uns des autres. Mais la technique est la même et à chaque dégustation mes sens sont en éveil. Je suis attentif aussi bien à la couleur du thé, à son odeur, à son toucher, qu’à ses arômes.
Ici, je déguste trois différents matcha pâtissiers afin de sélectionner le meilleur d’entre eux. C’est avec ce thé vert dont la feuille a été broyée et qui nous vient du Japon que vous allez pouvoir parfumer des financiers, des sorbets, entre autres. Et pourquoi pas une bûche ?
Un joli cadeau d’un fournisseur japonais
Lorsque je rencontre des producteurs de thé on s’échange toujours de petits cadeaux. C’est une manière jolie de se dire le plaisir de travailler ensemble.
L’un de nos fournisseurs japonais avec lequel je viens de passer la journée m’a offert ces ravissants personnages en céramique. Je les ai photographiés à la lumière du matin, avant de leur faire offrande d’un Gyokuro . Lorsque je les contemple je ressens une bienfaisante sérénité.