Lorsque j’achète un thé rare, tout frais, je n’ai qu’une hâte, le faire découvrir à vous-mêmes, amateurs de Grands Crus. Mais les choses ne sont pas si simples car parmi mes exigences figure celle-ci : que le thé soit propre. Du bon sens, me direz-vous. Lorsque j’achète un thé en provenance d’une plantation ou bien d’une ferme dont la production est certifiée organique, je peux me fier au travail de l’organisme certificateur et procéder seulement à des contrôles aléatoires. En revanche, s’il s’agit d’un thé non certifié, dès qu’il va arriver en France, au lieu d’être aussitôt dispatché en boutique afin d’être proposé aux amateurs, il va être envoyé en laboratoire spécialisé, le temps d’y être analysé. Et cela prend une semaine. Une semaine à patienter avant que vous puissiez découvrir le thé en boutique et le déguster en toute sécurité.
Un beau paysage ne fait pas toujours un bon thé
Si les plantations de thé du Sri Lanka figurent parmi les plus belles du monde, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Il faut savoir ne pas se laisser influencer par de beaux paysages. Les meilleurs thés de l’île se rencontrent dans le sud, dans une région peu montagneuse tandis qu’ici, à l’ouest de Nuwara Eliya, plus que d’une expérience de dégustation remarquable, on peut jouir de vues magnifiques.
Au Kenya, pour fêter la fin du confinement
Aujourd’hui je vous emmène sur les pentes du Mont-Kenya. A près de 2.000 mètres d’altitude, on y cultive un thé noir assez charpenté, aromatique. D’une plantation à l’autre, la qualité varie. L’un des plus fameux centres de recherche sur le thé s’y trouve, une chance pour les fermiers alentour qui vont pouvoir disposer de conseils judicieux et conformes aux normes de l’agriculture biologique, ici très répandue.
L’alignement de poteaux blancs sur lesquels est inscrit le nom du cultivar donne à cette parcelle l’allure d’un mémorial. Une belle façon d’enterrer notre confinement.
En route pour le Rwanda
Que diriez-vous de vous promener en ma compagnie dans une plantation de thé du Rwanda ? Nous sommes à trois heures de voiture au nord de Kigali. Avant d’atteindre la plantation de Sorwathe, située sur le haut du plateau, nous parcourons d’abord et sur des kilomètres un magnifique fond de vallon couvert de théiers.
La route fait comme une longue cicatrice et dans la lumière du soir la terre ainsi balafrée épouse des teintes rouge sang.
Je vous emmène à Kolkata
Rien de tel pour se déconfiner en douceur que de voyager depuis son fauteuil. Je vous emmène aujourd’hui à Kolkata, ville du thé par excellence. Le soir, le long du bras du Gange qui se nomme le Hooghly, des Bengalais viennent faire leurs ablutions et plonger dans les eaux sacrées tandis que d’autres attendent le passeur qui les conduira sur la rive opposée de ce fleuve majestueux qui inonde de joie cette ville tentaculaire.
Pour fêter notre déconfinement
Pour fêter notre déconfinement je vous emmène au Malawi. Vous êtes sans doute peu nombreux à être allés dans ce pays d’Afrique de l’Est et, si j’en crois mon expérience, tout aussi peu nombreux à pouvoir le situer sur une carte. Le sud de l’ancien Nyassaland est dominé par des massifs montagneux d’une grande beauté, ainsi que des haut-plateaux recouverts de théiers.
Voici une nouvelle manière de voyager post-Covid que je vous propose aujourd’hui. Pour vous, pas besoin d’avion ni de visa. Pas de décalage horaire. Et vous pouvez, tout en contemplant les photos de ce blog sur grand écran, voyager d’un pays à un autre voire déguster en même temps le thé du pays en question. Un must.
Des thés confinés aux puissants parfums
S’il existe une famille de thé dont on peut dire qu’elle se confine, c’est bien la famille des thés sombres. Les plus connus d’entre eux se nomment pu erh.
Ces thés se confinent le plus souvent à l’ombre et durant un à deux mois pour les durées de confinement les plus courtes. Et lorsque l’heure du déconfinement est venue, lorsque l’on soulève la couverture sous laquelle les feuilles récoltées fermentaient tranquillement, on découvre avec bonheur un thé aux notes puissantes et qui développe à la tasse de magnifiques parfums de sous-bois, de rares odeurs de caves, de champignons, des nuances animales recherchées et qui évoquent souvent l’étable, des arômes épicés. Je vous souhaite un bon déconfinement.
Youpi !
Et si, aujourd’hui, je ne m’autorisais que de bonnes nouvelles ? J’ai acheté trois des rarissimes lots de Darjeeling produits ce printemps ; pendant le confinement, le Népal n’a cessé de produire du thé et dès que la Poste va se remettre à fonctionner de délicieux échantillons vont me parvenir ; en Chine, un Huang Shan Mao Feng pré Qing Ming, un Lu Shan Yun Wu, un Yue Xi Cui Lan et un rare Huo Shan Huang Ya sont d’ores et déjà en route. Quant au Japon, après un hiver peu rigoureux, certes, mais qui a trainé en longueur, les récoltes ont un peu de retard. D’ici mi-mai j’aurais reçu tous les échantillons et serai à même de faire une belle sélection. Et pour couronner le tout, à moins qu’il soit déjà certifié AB, chacun des thés que j’achète est envoyé en laboratoire avant sa mise sur le marché afin de vérifier sa conformité aux normes européennes, on pourra donc les déguster en toute tranquilité et en apprécier tous les bienfaits.
A Darjeeling, une situation très difficile
Une région m’inspire une inquiétude particulière en ces temps de pandémie, il s’agit de Darjeeling. Au mois de mars dernier, pour le début des récoltes, j’étais sur place. J’ai pu constater que la situation sociale n’était pas bonne. Un certain nombre de plantations n’avaient pas versé leur salaire aux cueilleuses et celles-ci demandaient naturellement comme préalable au fait de reprendre leur activité, le paiement de l’arriéré. Devant le refus des plantations concernées qui justifiaient le non-paiement en arguant du fait qu’elles perdaient de l’argent et n’étaient pas à même de procéder à ces paiements, dans un nombre significatif de jardins, les feuilles de thé n’étaient plus récoltées.
Difficile de savoir précisément quelles sont les plantations qui sont rentables à Darjeeling et lesquelles ne le sont pas. Depuis des années, c’est un sujet qui revient. Beaucoup de planteurs s’accordent sur le fait qu’il est ici très difficile de ne pas perdre d’argent, malgré les bas salaires et malgré les prix de vente élevés du thé. Sachant que le printemps est justement la saison où se rencontrent les prix les plus hauts, le confinement que nous connaissons et qui se pratique aussi en Inde risque fort d’avoir comme conséquence la fermeture d’un certain nombre de jardins.
Préserver les bienfaits
En toute chose il importe de rechercher le positif. Si l’on examine la situation incroyable que l’on vit tandis que sévit ce virus, on peut apercevoir, au milieu de tant d’effets négatifs, voire particulièrement douloureux lorsqu’il s’agit de la perte d’êtres chers, de rares mais inestimables effets positifs. Quels sont-ils ? Des gens qui se mettent à prendre soin les uns des autres, une solidarité exemplaire, des manifestations d’empathie multiples, spontanées, des professions dont on découvre tout à coup à quel point elles sont essentielles. Du temps libre, du temps pour faire autre chose que de consommer, du temps pour prendre conscience de ce qui nous est cher, de ce qui nous est essentiel, du temps pour apprendre sur nous-mêmes et sur ce que cela signifie que de vivre. Et, au-dessus de nos têtes, un air qui n’a jamais été aussi pur, une qualité de silence rare, des chants d’oiseaux mélodieux jusqu’au centre des villes..
Et si nous retirions quelque chose de cet épisode et essayions de préserver ces bienfaits au-delà du confinement ?