Les cueilleuses de thé ont moins que d’autres à craindre du coronavirus. Elles se rendent à pied à leur travail, elles se déplacent en file indienne, elles travaillent à bonne distance l’une de l’autre et au grand air, s’il vous plaît. Malheureusement, cela ne suffit pas dans un pays de plus d’un milliard d’habitants, et voilà maintenant toute la population indienne confinée. Pourvu que ce fléau qui nous prive de leurs délicieux thés ait la bonne idée de prendre ses cliques et ses claques et de retourner là d’où il vient, sous les écailles d’un pangolin.
Actualités
Merci
…et le soir à 20 heures, lorsque j’entends tout un chacun, fenêtre grande ouverte, applaudir, taper sur une casserole ou sur n’importe quel autre ustensile afin de faire le maximum de boucan, chanter, crier, scander, clamer, je pleure, je trouve ça beau, je trouve ça tellement beau que dans ce monde parfois si égoïste il reste encore des réflexes pour cela, des parcelles d’humanité, que dans le cœur de chacun il reste des espaces pour crier l’amour, pour dire merci, pour encourager, pour soutenir celles et ceux qui sauvent des vies au risque de la leur. Merci.
Chercheur de thé fête ses 10 ans
Durant des années, je n’ai pris aucune photo, croyant à tort que l’on ne pouvait pas contempler et photographier en même temps. Je m’y suis mis plus tard. De ces paysages, de ces portraits rapportés du bout du monde est venue l’idée de partage. Ainsi le blog a-t-il vu le jour.
A l’instar de celui de L’Ecole du Thé, à l’instar de la raison d’être des livres écrits avec Mathias Minet (Le guide de dégustation de l’amateur de thé ; Tea sommelier), le rôle de ce blog est de transmettre à la fois un savoir et une passion.
Ce mois-ci mon blog fête ses 691 articles, je veux dire ses 10 ans, et je vous invite à en souffler avec moi les bougies. Je remercie Mathias, Laurent, Philippe, Emilie, Marta, Bénédicte, Kevin et Hélène qui ont participé ou participent, à sa naissance ou à sa vie. Et je vous remercie de votre fidélité qui m’est précieuse et me touche.
Quimper a son Palais
Les Quimpérois ont maintenant leur Palais des Thés, au 15 de la rue Kéréon, à deux pas de la cathédrale. Je l’ai inauguré avec d’autant plus de plaisir que d’une part je suis un amoureux de la Bretagne mais surtout, François, le responsable de cette magnifique boutique, a travaillé 6 années dans notre boutique de Rennes, comme vendeur puis comme assistant-responsable. Il a passé avec succès l’examen pour devenir Tea Sommelier, un niveau d’expertise rare qui se cumule chez lui à un sens aigu de l’accueil. Il y a quelques mois, je voyageais avec lui ainsi que d’autres Tea Sommeliers dans les jardins de thé de Darjeeling. Vous le voyez ici aux côtés de Christine Delétrée, responsable de notre réseau, et moi-même. Je lui souhaite beaucoup de succès dans cette belle ville de Quimper !
Du thé et de la joie
Kolkata, ville tentaculaire de dix, quinze ou vingt millions d’habitants – qui sait ? – s’étale des deux côtés de la Hooghly, un bras du Gange. Les transports en commun de la ville comptent nombre d’embarcations, lesquelles vous offrent une paisible traversée, loin des tracas de la circulation.
Timides pousses
A Darjeeling, les années se suivent et ne se ressemblent pas. En un peu plus de 30 ans, je n’ai jamais connu quoi que ce soit qui s’apparente à la situation actuelle. Pour mémoire, une grève de 105 jours a empêché tout travail dans les 87 plantations entre juin et octobre. Lorsque les autonomistes ont levé les barrages, l’heure était à Durga Puja, le Noël local. Après des mois d’abandon il a fallu se relever les manches et civiliser à nouveau la jungle. Seulement la main d’œuvre avait en partie fuit le conflit pour trouver du travail dans la vallée. Et voilà où nous en sommes : les théiers ont été rabattus très tardivement – fin décembre, parfois -, ce qui fait que les premières récoltes de Darjeeling de printemps se font attendre. Ce mercredi 14 mars de rares et timides pousses émergent des théiers (photo). Certes, de soi-disant Darjeeling de printemps sont déjà sur le marché depuis plus d’un mois, c’est la magie des Darjeeling de printemps, avant même d’être récoltés ils sont déjà vendus. Explication : certaines plantations de basse altitude bénéficiant d’un climat chaud et équipées d’un système d’irrigation arrivent à produire de petits lots pendant l’hiver. Ils leur attribuent à tort le qualificatif de thés de printemps. Dommage car cela n’a rien à voir en terme gustatif avec cette lente poussée de sève à partir de laquelle on produit un thé unique qui fait la renommée de Darjeeling.
Darjeeling, faits et chiffres
Darjeeling manque de main d’œuvre
La situation à Darjeeling est contrastée. La vie a repris dans tout le district. Les routes, les boutiques, les hôtels sont à nouveau ouverts. Les plantations de thé, également. Mais l’ampleur de la tâche est considérable puisque les théiers ont disparu sous les mauvaises herbes. Rien de grave pour les arbustes, ils sont en parfaite santé, mais il faut couper toute cette végétation puis rabattre nos chers camellia sinensis afin qu’ils retrouvent leur taille initiale. Malheureusement, la main d’œuvre manque à Darjeeling. Durant les 3 mois qu’a duré le coup de force en vue d’une autonomie régionale, de nombreux hommes ont quitté les montagnes pour aller chercher du travail ailleurs. Et les plantations n’ont aujourd’hui pas assez de monde pour effectuer ce travail de défrichage et de taille. Or ce travail est essentiel pour espérer une belle récolte au printemps prochain. Sinon, le thé de Darjeeling va manquer et les faux Darjeeling, qui commencent déjà à circuler, vont envahir le marché. Cela serait une catastrophe pour Darjeeling et j’espère de tout mon cœur qu’elle ne se produira pas. Il va falloir être très vigilant.
À Darjeeling, une situation dangereuse
La situation à Darjeeling est dangereuse. Tous les commerces sont fermés, les hôtels sont fermés, les routes sont bloquées. Les plantations de thé sont à l’arrêt. Et ce depuis 70 jours. La pénurie guette. Pire, dans des affrontements avec l’armée certains ont perdu la vie. J’ignore si une solution politique va être trouvée entre le gouvernement central, les responsables du Bengale-Occidental et les indépendantistes. J’ignore si les revendications pour la création du Gurkhaland, nouvel état au sein de l’Union Indienne, vont aboutir ou pas. Ce que je sais c’est que les plantations sont sinistrées et vont avoir besoin de plusieurs semaines pour être remises en état de produire du thé. Il va falloir procéder à un énorme travail de débroussaillage et de taille avant que les arbustes se mettent à pousser de façon à ce que la récolte soit aisée. D’ores et déjà la récolte d’été est fichue. La récolte d’automne verra peut-être le jour si le conflit stoppe très rapidement. Sinon il faudra renoncer à déguster des thés de Darjeeling pendant quelques temps et envoyer des pensées positives à toutes celles et ceux, habitants de ces montagnes, que je connais bien, que j’aime, et qui ne méritent pas de vivre des heures difficiles.
Au Népal, la reconstruction se fait attendre
Au Népal, les plaies du séisme ne se sont pas refermées. Des villages entiers ressemblent toujours à des champs de ruines et les habitants vivent au milieu de ces ruines, dans des maisons à moitié éboulées pourvues d’une bâche en guise de toit. A Katmandou, seul le centre historique a été touché et là aussi on ne voit pas de reconstruction se profiler. Une partie significative des plus beaux monuments de la capitale ont été réduits à poussière et les maisons alentours sont fragiles. A défaut de les réparer et tandis qu’elles ne tiennent qu’à l’aide d’étais de bois, des panneaux vous mettent en garde contre les risques qu’elles s’écroulent.